Le tic de l’ours, un problème très particulier
Depuis quelques années, on entend souvent parler du tic de l’ours alors que classiquement, c’est un cas rare.
En fait, les chevaux ne sont pas plus tiqueurs à l’ours qu’avant mais on assimile aujourd’hui facilement un mouvement répétitif à un tic de l’ours.
Par définition un « tic » est une habitude vicieuse, inconsciente, réflexe ou automatique, exécutée de façon intempestive, sur de longues périodes et très régulièrement.
Un cheval qui tourne un peu dans son box alors qu’on commence à distribuer la nourriture et qu’il attend avec impatience son tour n’a pas le tic dit « du tourner constant » qui amène le cheval à tourner inlassablement pendant des heures au point d’être blanc d’écume et complètement épuisé.
Pour en revenir au tic de l’ours, c’est assez particulier : le cheval est tête basse, avec le bout du nez sous le niveau du genou. Les antérieurs écartés avec tout le poids dessus. Il balance sa tête de droite et de gauche au bout de l’encolure et son poids passe forcément d’un antérieur à l’autre. Dans les cas les plus accentués, la quasi totalité du poids est basculée. Pendant ce temps, le cheval a les yeux dans le vague. Les oreilles sont complètement détendues. On a l’impression qu’il se berce.
Vous n’avez jamais vu cela ? Ce n’est pas anormal parce qu’encore une fois, c’est rare. Je n’ai vu moi-même qu’un seul cas.
Un cheval qui passe d’un antérieur sur l’autre, l’encolure relevée, les yeux vifs, les oreilles dressées ou complètement couchées n’a pas le tic de l’ours : il trépigne, il s’énerve… bref, il ne se berce pas, il ne se shoote pas, il s’exprime.
C’est à dessein que j’ai employé le terme de « se shooter ». Tous les tics ont pour conséquence de produire des endomorphines qui calment le cheval y compris, aussi paradoxal que cela puisse paraître, les comportements d’auto mutilation. En quelque sorte, un cheval qui tique se drogue, sauf que c’est lui le dealer.
D’où les yeux dans le vague et les oreilles molles, un vrai junkie !
Et comme tout bon junkie qui se respecte, il fait cela lorsqu’il est tranquille, seul, beaucoup moins lorsqu’on le sollicite. C’est pour cela que l’introduction d’un autre animal, limite ce tic. De la même façon le fait de mettre une pièce de bois au milieu du box, en ramenant le cheval à la réalité, l’empêche de sombrer dans un mouvement automatique.
Alors que le cheval qui fait cela devant la porte du pré parce que le copain est sorti, pendant la distribution de nourriture, ou simplement parce qu’il fait beau et qu’il a la frite, ne tique pas à l’ours. Ce type de mouvement peut effectivement être dû à l’excitation, à l’inquiétude, à l’impatience, à une douleur (mais alors la position de l’encolure et l’expression ne seront pas les mêmes).
A noter que lorsqu’on parle d’un cheval tiqueur sans préciser, il s’agit d’un tic « à l’air » ou à « l’appui » beaucoup plus fréquent lui mais pas d’un tic de l’ours.
A bientôt.
Cat