Mélanomes équins : deuxième partie

Publié le par Anne Cat et François

 

Voici la suite de l'article sur les mélanomes (partie 1) disponible ici.

 

Une bombe à retardement

 

Nous l'avons vu, les chevaux gris (et les poneys gris) sont armés contre les mélanomes et vont lutter efficacement mais seulement si tout va bien.

 

Prenons un cheval gris affaiblit sur le plan immunitaire. Ce cheval aura beau avoir toutes les cellules efficaces pour enrayer la progression des mélanomes, s'il ne les produit pas, elles ne lui sont d'aucune utilité.

 

Ainsi, un gris affaiblit par l'âge, des problèmes de santé ou des médicaments immuno-dépresseur ou immuno-suppresseur, va voir ses mélanomes bénins devenir malins.

 

D'où l'idée de la « bombe à retardement »... si le cheval que vous avez face à vous lutte à cet instant bien contre ses mélanomes, il peut ne pas être efficace cet hiver après le coup de froid, cet été quand il sera parasité ou quand il sera vieux... les mélanomes deviendront ainsi, même l'espace de quelques heures, capables de métastaser et vont « en profiter ». C'est ainsi qu'un cheval aux mélanomes bénins se retrouve avec des métastases intestinales, pulmonaires...

 

Et imaginons maintenant que le cheval se blesse au niveau d'un de ses mélanomes... le résultat est une coque fissurée, des vaisseaux sanguins accessibles et donc une migration cellulaire avec des métastases. Voilà un beau mélanome bénin qui s'est transformé après simple égratignure en mélanome malin.

 

La partie émergée de l'iceberg

 

Comme un iceberg, les mélanomes sous la queue d'un cheval ne représentent qu'une faible part visible des mélanomes présents... Il peut en effet y en avoir partout dans le corps du cheval comme nous l'avons vu. Mais rassurez-vous, les mélanomes ne sont pas une cause fréquente de mortalité du cheval.

 

Par contre, les coliques, problèmes respiratoires... chez un gris, doivent faire penser à l'hypothèse des métastases et ceci quel que soit l'âge.

 

Car les mélanomes chez un cheval de 2 ans, ça existe. Tout est question de probabilité. A 2 ans, les divisions cellulaires sont telles qu'il y a peu de chances mais c'est néanmoins possible.

 

Et le problème des gris c'est qu'ils sont efficaces dans la lutte... du coup, un mélanome sous la queue peut se former, disparaître et on se croit alors sauvé... quand on constate qu'il a généré une petite dizaine de camarades dans le corps du cheval.

 

Les mélanomes externes sont le plus souvent visibles et persistants à partir de 8 ans. Les mélanomes malins sont plus précoces dans la littérature car souvent le développement des mélanomes à un jeune âge est associé à une faiblesse du système immunitaire. Les jeunes chevaux avec un bon système immunitaire luttent efficacement et le diagnostic n'a pas le temps d'être posé que le problème est effacé... du moins en surface.

 

Et les traitements ?

 

Il n'existe aujourd'hui qu'un seul traitement qui ait fait ses preuves : la chirurgie.

 

Mais attention, si cette solution est efficace, elle n'est pas sans risque.

 

Déjà, toucher à un mélanome est un danger potentiel. Car une seule effraction dans le mélanome provoque une migration potentielle de ses cellules... et donc des métastases. Vous comprendrez maintenant bien mieux les précautions des chirurgiens qui passent parfois plusieurs centimètres à côté de la lésion et leurs réticences quand ils ne peuvent pas le faire.

 

De plus, si on oublie une cellule tumorale dans l'exérèse (chirurgie permettant le retrait du mélanome), celui-ci repart.

 

Mais tous les nouveaux départs ne sont pas de la faute du chirurgien. En effet, on crée (qu'on le veuille ou non) une plaie et donc une zone cicatricielle qui va nécessiter la multiplication des mélanocytes. Ce qui donne donc des possibilités non négligeables de nouvelle multiplication erronée et donc de nouveaux mélanomes.

 

Certains chirurgiens proposent avec l'exérèse complète du mélanome (retrait complet du mélanome), le retrait du ganglion associé. Il est alors souvent argumenté que les cellules du mélanome migrent dans les ganglions. Il est cependant nécessaire de vérifier ce point en observant le ganglion pour ne pas confondre avec une augmentation du nombre de cellules immunitaires nécessaires pour lutter contre le mélanome. Ôter un ganglion amenant une faiblesse immunitaire consécutive, il faudra prendre cette décision avec pondération et ne pas procéder à sa suppression s'il existe d'autres mélanomes.

 

D'autres traitements sont proposés dans le commerce ou par les vétérinaires, leur efficacité n'est pas prouvée. Mais tous les produits et traitements visant à augmenter les capacités immunitaires du patient sans provoquer d'effraction ou de dégâts au mélanome sont bénéfiques.

 

Les injections intra-tumorales sont par contre à proscrire et on tâchera de protéger au mieux les mélanomes du grattage, des piqûres d'insectes ou des petites plaies. De même, tous les traitements risquant de réduire la coque externe ou d'augmenter la pression dans le mélanome sont déconseillés.

 

Le traitement chirurgical précoce (avec exérèse complète de la masse) est, de nos jours, le plus efficace.

 

A bientôt,

Anne KAEFFER

Mélanome chez un cheval gris. Photo soumise à droits d'auteur. Techniques d'élevage. Anne Kaeffer. Nantes

Mélanome chez un cheval gris. Photo soumise à droits d'auteur. Techniques d'élevage. Anne Kaeffer. Nantes

Publié dans Spéciale équidé

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