Pourquoi est-il néfaste qu’une jument soit trop grasse à la mise-bas ?
Avoir une jument trop grasse à la mise-bas est assez fréquent.
En effet, on a tendance à « chouchouter » la jument et donc à surestimer les besoins de gestation. En outre, il semblerait que la jument bénéficie du fameux « anabolisme de gestation » qui se caractérise par une nette amélioration du rendement alimentaire grâce aux fortes sécrétions hormonales (oestrogènes et progestérone) qui ont tendance à favoriser la construction de tissus. La jument serait donc meilleure utilisatrice de sa ration une fois gestante que lorsqu’elle était vide.
Pour vous donner une idée, les besoins énergétiques d’une jument de 500 kg à l’entretien sont de 4,1 UFC. Ils seront de 5,5 UFC/j en fin de gestation soit 35 % de plus ce qui est loin d’être énorme.
Une suralimentation prolongée en gestation augmente un peu le poids du poulain, d’autant plus que cela a tendance à allonger légèrement la durée de gestation déjà extrêmement variable chez la jument. Or comme dans les autres espèces, la prise de poids se fait en fin de gestation.
L’engraissement excessif de la mère a aussi des conséquences dans plusieurs domaines.
On a une augmentation des difficultés de poulinage du fait à la fois d’un poulain plus gros et d’une filière pelvienne encombrée de graisse : augmentation de la durée de la mise-bas (part languissant), risque de rupture des artères utérines, voire carrément blocage. Et évidemment, cela augmente le risque de complications du poulinage (déchirures, rétention d’une partie des enveloppes, métrite, fourbure).
Le poulain va souffrir de ce poulinage trop long. Il risque à un moment d’être privé d’oxygène surtout si le cordon est coincé ou écrasé. C’est un risque majeur et en particulier pour le cerveau qui supporte très mal le manque d’oxygène (risque d’anoxie).
La production laitière de la mère augmentera moins vite et sera moins importante du fait des infiltrations graisseuses de la mamelle et d’une modification des mécanismes hormonaux.
Alors que l’appétit de la mère devrait croître de façon très importante au moment de la mise-bas et ensuite dans le premier mois pour atteindre son pic vers deux mois, la jument grasse a une augmentation de l’appétit moins nette. On pourrait se dire que c’est une bonne aubaine mais cela va limiter la production laitière et donc poser des problèmes au poulain. Malgré tout la mère se retrouvera en déficit énergétique et devra mobiliser ses graisses, même si ce phénomène est moins important que chez la vache surtout laitière ce qui lui a valu son surnom de vache-accordéon.
Si on reprend notre même jument de 500 kg, son besoin énergétique monte à 8.5 UFC au cours du premier mois soit + 107 % par rapport à son besoin d’entretien et + 55 % par rapport à ses besoins quelques jours avant la naissance du poulain.
On a du fait de ce déficit énergétique, un moins bon retour en chaleur et donc une augmentation des intervalles entre deux poulinages.
Chez certaines juments, on en arrive à la situation paradoxale que le fait d’être grasse à la mise-bas, surtout si le propriétaire craignant la fourbure limite la jument, entraîne un sevrage précoce parce que la jument a trop décollé.
Le problème de l’éleveur est donc de réguler l’alimentation de la jument pour la nourrir de façon juste pendant la gestation sans tomber dans le travers d’une alimentation insuffisante qui fait qu’on voit certaines gestantes avec des côtes saillantes.
Par contre, pendant les 3 premiers mois de lactation, l’alimentation doit être libérale et d’excellente qualité.
Catherine Kaeffer
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