Nourrir un rapace

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Omega

tecL'alimentation des rapaces reste un sujet délicat de nos jours. Les études pour étudier leur comportement naturel, loin de clarifier la situation, amènent à se poser davantage de questions. Ces questions portent notamment sur notre capacité à leur amener tout ce dont ils ont besoin, tant sur le plan nutritionnel que du bien être.

En effet, dans la nature, chaque oiseau a son programme nutritionnel particulier. Il consomme pas loin de 38 espèces différentes, allant du petit mammifère à l'insecte, en passant par le batracien ou le poussin. Les quantités de chaque espèce restent très variables et même l'espèce dite principale, ne dépasse pas 50 % de son régime alimentaire quotidien.

Ce régime alimentaire n'est pas stable dans le temps et change presque quotidiennement. Il est très dépendant des conditions environnementales et de l'évolution des populations de proies potentielles.

Néanmoins dans cette variabilité incessante, on retrouve des différences alimentaires entre les mâles et les femelles relativement marquées. Ainsi qu'un taux de fécondité chez la femelle très dépendant de la diversité des proies consommées. Plus la femelle tend vers une alimentation mono-espèce, plus sa fécondité baisse. La composition des œufs et le développement des poussins semblent également très influencés par l'alimentation de la femelle.

Un autre point intéressant est le caractère opportuniste de l'alimentation des rapaces. Ceux-ci ne chercheront pas à attraper une proie plus intéressante sur le plan nutritif si une proie moins intéressante mais faible ou facile à attraper se présente.

Selon ces dernières données, les rapaces sont incapables de réguler leur alimentation et on ne peut leur faire confiance pour choisir les proies les plus intéressantes pour leur santé. Cependant, certaines études ont montré que si on propose régulièrement plusieurs proies accessibles de façon identique, le rapace change régulièrement son alimentation.

Il est donc préférable que le propriétaire connaisse les besoins de son rapace et s'adapte à l'activité de celui-ci pour le nourrir.

En moyenne, les petits rapaces ont besoin de 20 à 25 % de leur masse corporelle, tandis que les grands rapaces consomment 10 à 15 % de leur poids. Mais cette estimation doit être ajustée par un pesage régulier des oiseaux afin d'estimer leur prise de poids. Elle ne tient pas non plus compte de l'activité ou de la croissance de l'oiseau.

En nourriture de base, il est souvent conseillé de donner des poussins de 1 jour. Si cette alimentation assure un bon équilibre minéral, un taux protéique élevé et un faible taux de lipides, elle ne serait se suffire à elle-même. Comme nous l'avons vu, le rapace a besoin de diversité et tous les compléments, même justement calculés, ne pourront apporter la variabilité dont celui-ci a besoin. Ceci étant, il faudra compter un supplément en thiamine ou une « proie » riche en thiamine si des poussins de 1 jour éviscérés sont donnés.

Une erreur courante est de fournir aux rapaces du muscle en grande quantité en éliminant les os, le gras, les boyaux... cette alimentation, si elle compose plus de 20 % du repas quotidien, provoque de graves carences vitaminiques et minérales qui débouchent sur des atteintes nerveuses et musculaires. La viande du commerce, certes attrayante, n'est donc pas une alimentation de choix pour les rapaces.

Les proies données doivent être les plus fraîches et les plus complètes possibles. Les temps de conservation et les méthodes utilisées diminuent la qualité nutritive des aliments donnés aux rapaces. Tout comme les opérations consistant à ôter la peau, les viscères, les pattes, le bec...

La carence en vitamine D3 est fréquente chez les rapaces détenus en captivité. Cette carence n'est pas due à un manque en cette vitamine, mais au fait que les proies ne contiennent que de la vitamine D3 inutilisable. Pour l'utiliser, les rapaces ont besoin de la lumière du soleil qui transforme la vitamine des proies en vitamine utilisable. Il est donc nécessaire que les rapaces « voient » la lumière du jour minimum 45 minutes par jour pour éviter toute carence en cette vitamine.

L'alimentation des rapaces doit donc, dans l'idéal, être variée, saine sur le plan sanitaire, composée de muscles, de gras (en moindre quantité), de viscères et d'os, équilibrée en apportant uniquement ce dont l'oiseau a besoin. Il faudra veiller également à suivre les différences de régimes imposées par les différentes espèces ou le sexe de l'individu et les saisons.

Catherine Kaeffer

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Alimentation d'un rapace en captivité. Techniques d'élevage 2014. Tous droits réservés.

Alimentation d'un rapace en captivité. Techniques d'élevage 2014. Tous droits réservés.

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