Alimentation du cheval : les méfaits de la mondialisation !
N’en déplaise aux plus chauds partisans du libre échange, la mondialisation actuelle a des conséquences, bonnes ou mauvaises, dans tous les domaines.
Alors pourquoi pas dans l’alimentation de nos chers équidés ?
Et bien oui, là aussi la mondialisation frappe de façon parfois insidieuse.
Ce grand clown qui envahit les périphéries de nos villes en nous proposant de la nourriture venue d’Outre-Atlantique, aurait-il décidé de se lancer dans la confection de repas tout prêts pour nos compagnons à 4 sabots ?
Que nenni !
Alors serait-ce qu’insidieusement, la tendance soda-hamburger acharnée à détrôner crêpes et autres flammenküche aurait un comparse tout aussi fourbe déterminé à rayer de la carte notre bon foin de Normandie et nos céréales hexagonales ?
Que nenni derechef !
La mondialisation c’est l’importation de produits, mais aussi d’idées venues d’ailleurs. Venues d’ailleurs, donc pensées ailleurs avec les conditions en vigueur… ailleurs.
Consommer le célèbre bortsch de Russie avec une bonne louche de crème s’il fait –30° dehors, c’est parfait. Mais si on importe cela dans notre bonne vieille région nantaise où lorsque le thermomètre descend en dessous de zéro, on sonne le tocsin, c’est un truc à finir chez Weight Watchers.
Quel rapport avec l’alimentation équine, me direz-vous ? J’y arrive.
En ce moment, la mode (venue des pays anglo-saxons) est hostile à la distribution de céréales dont l’amidon est suspecté d’être mal digéré.
Qu’à cela ne tienne vous dit-on, il suffit de remplacer les céréales par de la pulpe de betterave, sans amidon et le tour est joué.
J’ai trouvé cette préconisation aussi bien dans la célèbre université d’Edimburg que chez les nombreux auteurs américains que j’ai consultés.
Sauf qu’en France, si vous essayez d’équilibrer une ration foin + pulpe, vous vous retrouvez rapidement avec un rapport phosphocalcique à crever les plafonds avec les conséquences délétères qu’on connaît. Pour rappel, le rapport calcium / phosphore doit être compris entre 1,5 et 2 et ne jamais monter au-dessus de 3.
J’étais perplexe. Il me semblait totalement incompréhensible que parmi tous ces auteurs, pas un n’ait soulevé le problème.
J’ai récemment découvert le pot aux roses.
Le rapport Ca/P de la pulpe de betterave est de l’ordre de 14,6 chez nous alors qu’il n’est que de 10 dans les tables du NRC, la référence américaine, pour une raison que j’ignore (variétés de betteraves utilisées, procédé de fabrication… ?).
Mais la plus grande surprise fut lorsque je découvris qu’une herbe de pâturage, zone tempérée était estimée à un rapport calcium/phosphore de 1,2 dans Equine Applied and Clinical Nutrition !
Alors que les chiffres INRA oscillent entre 1,5 et 2,9 et que le célèbre foin de Crau, si populaire en France est à 3,3 (ce qui d’ailleurs a fait son succès).
C’est que la France a pas mal de sols calcaires et souvent de fortes proportions de légumineuses…
Évidemment un régime foin + pulpe est donc difficile à équilibrer dès qu’on met un tant soit peu de pulpe et je ne parle pas d’un régime foin de Crau + pulpes qui vous amène tout droit vers des calculs rénaux.
On a d’ailleurs le même problème avec nos voisins d’Outre-Rhin qui ont eux aussi des fourrages moins riches en calcium et qui logiquement formulent leurs aliments en conséquence… ce qui ne fait pas toujours notre affaire.
Les bonnes idées des autres ne font donc pas toujours notre bonheur.
Catherine Kaeffer
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