Réalimentation ou alimentation de haut niveau : diviser pour mieux passer

Publié le par Catherine Kaeffer Alpha & Oméga

L’alimentation peut s’envisager comme la circulation automobile : c’est une histoire de flux.

Supposons que mille personnes veulent par exemple retrouver leurs pénates après une journée bien remplie. Elles partent massivement de leur lieu de travail, centre ville à 18 heures et rejoignent le périphérique qui est rapidement saturé.

Nous avons donc un grand axe, le périphérique qui reçoit un afflux important de véhicules en même temps. On peut assimiler ce grand axe au tube digestif qui reçoit un gros repas.

Dans les deux cas, le risque c’est l’engorgement, l’embouteillage et la difficulté à gérer ce flux brusque et massif.

Donc tout le problème finalement est de déterminer comment les voitures, une fois sur le périph, vont le quitter. Autrement dit, comment les différents nutriments vont quitter le tube digestif pour passer dans le sang et arriver aux différents organes.

Si toutes les voitures décident d’emprunter la même sortie pour quitter le périph, cela va créer un bouchon qui mettra du temps à se résorber, augmenter les risques d’accident et excéder les automobilistes.

Vous noterez que dans mon exemple, j’ai choisi l’heure de pointe. Évidemment, si au lieu de 18 heures, j’avais pris 2 heures du matin avec 3 pelés et 1 tondu sur le périph, même si nos 4 voitures avaient pris la même sortie, cela n’aurait posé aucun problème.

Les sorties de périphérique figurent les voies d’absorption et de métabolisme des différents nutriments. Traduit en termes nutritionnels, cela veut dire que si les besoins de l’animal sont faibles, et donc que les apports le sont aussi, même si on utilise essentiellement une seule voie métabolique, cela passera quand même. On aura d’autant plus de problèmes de saturation d’une voie qu’on est sur une alimentation importante : donc un animal à forts besoins de base ou bien un animal qui doit avoir momentanément une alimentation importante (par rapport à ses capacités de traitement) donc un animal en récupération.

Comme les sorties d’un périph, il y a des voies métaboliques de toutes les tailles : de grandes nationales avec terre-plein central, de petites routes et des chemins vicinaux. Forcément, vous allez plus facilement saturer une petite route même avec quelques voitures qu’une grande nationale qui est conçue pour écouler un nombre important de véhicules.

Un autre point est celui du timing de l’opération. Si tout le monde arrive en même temps à la même sortie, cela bouchonnera. Par contre, si l’arrivée de ses personnes s’étale sur 1 ou 2 heures, cela passera comme une lettre à la poste.

Prenons un exemple nutritionnel : vous souhaitez apporter de l’énergie à un cheval. Donc vous allez lui donner à manger une ration qui aura une composition donnée en matière de nutriments. Et tout le monde sera sur le périphérique du tube digestif.

Vous avez 5 portes de sortie : fibres, amidon, lipides, sucres rapides, protéines.

Les fibres constituent la base de l’alimentation. Cela veut dire que les quantités à traiter sont importantes. Les fibres du fait d’une digestion lente, arrivent de façon progressive devant leur sortie… Il peut donc y avoir des embouteillages dans le tube digestif, si les fibres vraiment peu digestibles mettent trop de temps à prendre leur sortie (augmentation du volume, stase) mais par contre, vous n’aurez pas de problèmes à la sortie.

L’amidon est dégradé par l’amylase. La dégradation est bonne mais la sortie donne sur une petite route (la quantité d’amylase est limitée). Il faut donc faire particulièrement attention de ne pas saturer cette voie métabolique.

Les lipides sont bien digérés mais là encore la route n’est pas très importante ce qui fait qu’il faut rester raisonnable.

Les sucres rapides passent, comme leur nom l’indique, rapidement dans le sang. On va donc avoir un effet rapide avec une augmentation de la glycémie et une chute juste derrière. On a donc une sortie large qui permettra de passer tous les véhicules en même temps au risque que cela pose ultérieurement des problèmes ailleurs.

Les protéines sont un cas particulier. Leur sortie est large, sans problème mais elle ne va pas dans la bonne direction (ici la production de l’énergie). Les voitures devront donc faire tout un détour pour arriver finalement à destination.

Avec un cheval à forts besoins, pour arriver à écouler correctement le flot de voitures, il faut qu’elles se répartissent sur plusieurs sorties et proportionnellement à la taille de la sortie en question. Pour monter les niveaux alimentaires, il est donc indispensable de diversifier les formes d’apport en tant que telles mais surtout en tenant compte des voies métaboliques empruntées.

Le cas du cheval dénutri est particulier. En fait chez lui, du fait de sa dénutrition, les sorties sont en mauvais état, pleines de nids de poule, étroites et mal éclairées. Donc le flux est ralenti de façon générale. Dans ce cas, même avec des quantités d’aliments tout à fait classiques, il est possible que le cheval ne puisse pas les digérer. Il est donc indispensable d’utiliser avec circonspection toutes les voies possibles pour permettre dans le cas de notre exemple, un apport d’énergie suffisant pour que petit à petit on récupère des sorties plus normales.

Catherine Kaeffer

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