Alimenter un cheval avec de l’orge
L’orge est une céréale couramment utilisée pour l’alimentation des chevaux. Elle est facile à se procurer et relativement bon marché. Comment l'utiliser dans l'alimentation du cheval ? Techniques d'élevage fait le point.
Au niveau de la valeur alimentaire, il n’est pas nécessaire de faire la distinction entre les espèces à 2 rangs et les espèces à 6 rangs.
Un kg d’orge représente un apport alimentaire de 0,99 UFC (Unités Fourragères Cheval). A la base, 1 UFC correspondait par définition à l’énergie apportée par 1 kg d’orge mais les variétés ont très légèrement évolué.
Sa teneur en protéines brutes est de 10,1 %.
Le rapport protidoénergétique de l’orge (exprimé en g de Matières Azotées Digestibles pour le Cheval (MADC)/ UFC) est de 82 g MADC/UFC. Pour un cheval adulte ou au travail, qui demande environ 70 g de MADC /UFC, comme pour une poulinière gestante (80 g de MADC/UFC), l’orge peut donc être utilisée comme seul apport d’aliment concentré à condition que le fourrage soit de qualité suffisante et donné libéralement. Par contre, pour les poulains ou les juments suitées, l’orge ne peut se suffire et doit être obligatoirement complétée par une source de protéines pour couvrir les besoins.
On accuse souvent les protéines des céréales d’être déséquilibrées. De fait, la teneur en lysine de l’orge représente 3,8 % des matières azotées totales contre 4,1 % pour de l’herbe déshydratée, 4,6 % pour de la luzerne ou 6,1 % pour le tourteau de soja. Si on rapporte la teneur en lysine aux Matières Azotées Digestibles pour le Cheval (MADC), on est à 4,6 % pour l’orge contre 7,1 % pour de l’herbe déshydratée, 7,6 % pour de la luzerne ou 6,8 % pour le tourteau de soja. Cela est à comparer aux 8,9 % de lysine préconisés par l’INRA dans ses tables d’alimentation.
Ceci étant, l’utilisation de l’orge, en sus du fourrage comme source non seulement d’énergie mais aussi protéique pour un cheval adulte non en reproduction ne pose pas de problème du fait des quantités de protéines apportées qui sont généralement supérieures aux besoins.
L’orge étant une céréale à grain nu à la différence de l’avoine, sa teneur en cellulose brute est faible : 4,6 %. Il est d’autant plus important que l’apport de fourrage soit suffisant pour compenser.
L’apport énergétique de l’orge est essentiellement fait par l’amidon qui représente 52.2 % du grain. Cette caractéristique est l’origine de la règle générale qui dit qu’on ne doit pas donner plus de 2 kg de céréale par repas à un cheval.
En effet, si on prend des chiffres arrondis, 2 kg d’orge à 50 % d’amidon, cela fait 1 kg d’amidon. Le cheval « standard » faisant 500 kg, on se retrouve à peu de choses près à 200 g d’amidon par 100 kg de poids vif et par repas.
Évidemment, c’est un raccourci car si la céréale n’est pas de l’orge ou si le cheval ne fait pas 500 kg, la loi n’est plus applicable. En outre, c’est une limite supérieure, que non seulement il convient de ne pas dépasser mais qu’il faut se garder de titiller sous peine d’avoir des soucis si le cheval se révèle plus sensible que prévu. Enfin, c’est évidemment pour un cheval habitué et hors pathologie.
Bref, l’orge il faut savoir apprécier et consommer avec modération.
L’orge comme toutes les céréales a un rapport phosphocalcique déséquilibré (Ca/P = 0,2). Donnée en faibles quantités, cela pose peu de problèmes dans nos régions car le fourrage est généralement bien pourvu en calcium. Par contre, dès que les quantités augmentent, il sera nécessaire d’apporter via le complément minéral vitaminé un surplus de calcium.
A noter que ce phosphore est à 55 % sous la forme phytique qui est nettement moins bien assimilée. On ne peut donc pas trop compter sur le phosphore de l’orge pour remonter l’apport en cet aliment pour une jument allaitante par exemple.
Vous allez sans doute penser que c’est ennuyeux d’avoir à apporter un complément minéral vitaminé en sus. Ceci étant, vous êtes de toutes façons obligé d’en apporter un dès lors que vous n’êtes pas sur un aliment industriel déjà supplémenté en minéraux notamment pour le cuivre mais pas que. Donc cela n’est pas une contrainte particulière.
L’utilisation de l’orge est donc possible en tant qu’aliment concentré sur les chevaux avec des régimes du type :
- Fourrage + orge + complément minéral vitaminé pour les chevaux adultes non reproducteurs et les juments pendant une bonne partie de la gestation
- Fourrage + orge + source protéique + complément minéral vitaminé pour les jeunes et les juments en fin de gestation et lactation.
- Les régimes fourrage + orge sont délétères dans tous les cas en l’absence d’une correction minérale.
- Le choix du complément minéral adéquat est fonction du cheval, de la région, du fourrage de base et de la quantité d’orge distribuée.
Catherine Kaeffer
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MAJ janvier 2023