Dressage involontaire par confort / inconfort : Exemples
Dans un précédent article, nous avons vu le principe d’un dressage normal par confort / inconfort et explicité la notion de bénéfice / risque sur laquelle ce type de méthodes repose.
Nous allons maintenant voir quelques exemples où ce type d’apprentissage se fera à l’insu du cavalier.
Supposons un cheval PSSM dont la maladie n’a pas encore été diagnostiquée ou bien un cheval ayant une alimentation carencée, le cavalier va mettre parfois plusieurs mois voire plusieurs années à faire le diagnostic. Tout le travail, tous les apprentissages ou dressages effectués durant cette période vont avoir des résultats biaisés.
Ainsi le cavalier pourra logiquement penser que le cheval par exemple n’a peur de rien alors qu’en fait il a un caractère peureux mais qu’il préfère supporter sa peur parce que bouger lui coûte trop. Mais le stress est bien là et va se traduire par des tics, des ulcères ou un caractère perpétuellement grincheux.
Cette circonstance particulière jouera aussi sur l’activité spontanée du cheval donnant une vision biaisée de son caractère.
Si à la suite de la découverte du problème de santé ou d’alimentation, la forme du cheval s’améliore, le bénéfice de ne pas bouger diminuera plus ou moins rapidement. A un moment donné, il deviendra inférieur au « risque » et donc le cheval se mettra à bouger à des stimuli auxquels il n’avait jamais réagi. Ce changement de comportement, s’il n’est pas prévu par le cavalier peut s’avérer surprenant voire dangereux.
Ces problèmes qui s’installent progressivement et perdurent sur le long terme sont particulièrement pernicieux.
Ainsi, dans le cas du jeune cheval carencé, on lui attribuera le caractère froid, créé par les carences et on ne pourra pas avoir conscience de son caractère de fond qui peut être joueur ou peureux par exemple. Il n’apparaîtra qu’une fois les carences corrigées.
Il n’est pas possible de savoir ce qui s’est passé dans la tête du cheval que l’on récupère en piteux état. Dans son état de faiblesse extrême, il peut paraître tolérant, patient, reconnaissant. Mais au fond de lui, il peut aussi avoir développé une rancune tenace, une peur profonde ou une hostilité durable qui se manifestera le jour où il aura la force de le faire.
Nul ne peut prédire s’il sera profondément reconnaissant à son nouveau propriétaire de l’avoir tiré de ce mauvais pas ou bien s’il a définitivement classé tous les humains comme des fauves dont il convient de se défendre ou encore si sa philosophie est que son seul salut est dans la fuite. Nul ne peut savoir ce qu’il pensera des soins forcément longs et souvent douloureux qu’il aura à subir pour retrouver la santé.
N’ayant pas la force de s’enfuir ou de se défendre, il pourra accepter, se briser de l’intérieur ou entrer dans une révolte silencieuse. Ce n’est que lorsqu’il aura récupéré ses forces, qu’il aura retrouvé sa liberté de choix qu’on pourra savoir quelle était sa psychologie.
Le poulain PSSM apparaît en parfaite santé. La maladie se développe progressivement au fur et à mesure qu’il prend de l’âge. Au débourrage c’est souvent un cheval ronchon mais peu enclin au mouvement. C’est un « gros flemmard ». La maladie étant souvent à ce stade ignorée, on va le pousser, le mettre en avant, le solliciter sans violence mais avec énergie.
Au fur et à mesure qu’il grandit, le niveau d’exigence augmente. On va lui en demander un peu plus mais ses muscles vont lui faire de plus en plus mal. On le pousse puisqu’il a toujours été du genre à faire du cinéma.
Au bout d’un moment, les doutes s’installent sur son état de santé. On cherche et on diagnostique sa maladie.
Avec une alimentation adaptée, il se sent de nouveau bien. Mais quels souvenirs va-t-il garder en son for intérieur, des séances où on l’a poussé alors qu’il avait mal ? Où il a essayé d’exprimer son problème et où on ne l’a pas entendu ?
Il en retiendra sûrement que les humains et les chevaux ont du mal à communiquer mais il peut aussi penser que les humains sont injustes, qu’ils ne font pas attention à ses problèmes. Avec la forme revenue, il peut pardonner. Il peut simplement se méfier des humains. Mais il peut aussi, si c’est plus son caractère, rendre la monnaie de sa pièce à la personne qui l’a fait souffrir… sans le savoir.
Catherine Kaeffer
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MAJ Septembre 2021