Utiliser un aliment tout fait pour mon cheval de loisir : promenade dans un centre équestre
Imaginons que par une belle journée d’automne, histoire d’échapper à une pluie persistante, vous décidiez d’aller faire un tour dans votre centre équestre favori et de le regarder d’un œil neuf, comme si vous n’aviez pas l’habitude de traîner vos guêtres régulièrement à l’intérieur.
Votre centre équestre est un bon centre équestre, dirigé par des personnes qui considèrent les chevaux comme des amis, des partenaires de travail et non comme des biens meubles, qui sont soucieux de leur bien-être, qui s’inquiètent s’ils ont un petit souci de santé. À chaque fois que nécessaire, le vétérinaire, le pareur, le dentiste ou l’ostéo interviennent.
Les chevaux sont d’ailleurs en bon état, certains légèrement ronds, d’autres plus affûtés, mais tous en bonne santé et l’œil clair. Ils sont bien dressés et travaillent dans le respect de leur anatomie et de leurs capacités physiques respectives.
Les chevaux ont accès à un paddock ou à un pré, plus ou moins surpâturé comme c’est souvent le cas, mais qui leur permet d’avoir une vie de cheval. Ils ont en outre de généreuses distributions de foin.
Lors de cette promenade, vous observez les différents types de chevaux que vous rencontrez.
Vous avez les chevaux de bon niveau, ceux qui ramènent régulièrement des coupes de Lamotte-Beuvron, ceux qu’on réserve aux cavaliers expérimentés avec souvent pas mal de sang et une taille respectable. Ils sont beaux, le poil brillant et soyeux. Normal, ce sont des chevaux avec une « super génétique », avec du sang, « ils ont un poil de pur, un vrai miroir ».
Et puis vous avez les chevaux qui font les cours de débutants. Souvent plus petits, plus calmes, plus patients et plus rustiques. Une génétique moins « recherchée ». De bons maîtres d’école, un peu plus rondouillards, beaucoup moins de sang. Le poil est correct voire plutôt bien mais sans l’aspect miroir que l’on trouve chez les chevaux du groupe précédent.
Un peu plus loin les grands poneys, ceux qui peuvent faire la transition lorsque les enfants grandissent. Ils tournent pas mal mais ils sont rustiques. « Ils grossissent rien qu’en léchant un caillou ». Alors forcément, on leur donne un peu mais pas grand-chose sinon ils terminent en barrique. Globalement, le poil est moyen, plus « gras » avec plus de desquamations. Mais après tout ce sont des poneys et puis les petites mains qui les frottent n’ont peut-être pas la vigueur de leurs aînées et le pansage est peut-être fait avec beaucoup d’amour et de tendresse mais moins de vigueur et de technique.
Enfin, on arrive voir les shets. Ils ont un poil… de shet. Osons le dire, souvent c’est franchement moyen, mais on en a l’habitude et puis « un poil épais comme ça, cela s’entretient mal », « ils sont souvent dehors » et puis « c’est un shet »… Et ça, c’est l’argument qu’on entend le plus souvent. Un shet ne peut pas avoir un poil aussi brillant que celui d’un grand cheval de concours à la génétique de champion, n’est-ce pas ?
A la lumière d’un précédent article sur la couverture des besoins minéraux en fonction du niveau de travail, cette promenade dans votre centre équestre favori peut s’éclairer d’un jour nouveau.
Car en fait, même si j’ai illustré des besoins qui augmentent suite à une augmentation du niveau de travail, on aurait pu faire la même chose en passant d’un shet à un KWPN. Sachant que dans un centre équestre on a souvent les deux phénomènes qui se conjuguent plus ou moins.
Donc si on estime que les chevaux de concours du premier groupe sont au niveau de travail 4, alors tous leurs besoins en cuivre et en zinc sont couverts. Donc ils ont tout ce qui leur faut pour avec ce cuivre et ce zinc, fabriquer la kératine de leur poil. Bonne fabrication de kératine, bonne qualité du poil. Vous avez logiquement un cheval qui a un poil luisant et qui présente bien (même sans produit spécial pour faire briller).
Pour les chevaux de débutant, le travail est moins soutenu, souvent le format est plutôt plus petit, les besoins sont de toutes façons moindres. D’où un apport d’aliment logiquement moins important. On couvre encore mais c’est plus juste.
Sur le grand poney, là, le plus souvent les quantités sont trop faibles pour qu’on couvre. La poignée symbolique d’aliment les jours de travail ne saurait suffire. Le poil est de qualité moyenne.
Pour les shet, la cause est entendue, l’aliment c’est même pas en rêve. Le foin est largement suffisant. Pas d’aliment, les carences du foin ne sont pas corrigées, le poil est généralement franchement moyen voire carrément moche… mais c’est tellement courant que cela en est « normal ».
Le poil, c’est la partie visible de l’iceberg, mais vous avez dans certaines régions des carences en iode ou en sélénium massives. Et bien qu’on me dise que les poneys rustiques se sont adaptés au fil des siècles pour résister à tout, j’avoue que j’ai bien du mal à imaginer, lorsque je contemple le paysage des Îles Shetland comment diable les poneys qui y vivent auraient pu avoir l’idée saugrenue ou visionnaire de s’adapter à la carence en iode pour pouvoir résister aux conditions de certaines de nos régions.
Et apprendre à un organisme à se passer d’iode lorsqu’on broute des prés qui reçoivent des embruns en permanence me semble être digne de Mission Impossible.
C’est pour ces chevaux pour qui le foin est suffisant ou presque pour couvrir les besoins énergétiques et protéiques qu’ont été inventés les compléments minéraux vitaminés, afin de pallier ce phénomène. C'est aussi le cas d'un cheval arrêté suite à une blessure ou parce qu'il est malade.
Catherine Kaeffer
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