Favoriser les champignons prédateurs des parasites équins

Publié le par Anne ANTA. Editions Alpha et Omega

Les prédateurs des parasites équins sont parfois visibles (comme certains oiseaux) ou beaucoup plus discrets (comme certains asticots) voire invisibles à l'oeil nu (comme certains champignons). Ils font partie des solutions proposées à l'avenir pour mieux gérer les parasites équins et notamment les petits strongles. Le cas des champignons prédateurs de parasites sera abordé dans cet article de Techniques d'élevage.

A l'heure où les résistances aux produits vermifuges est de plus en plus d'actualité, la recherche de solutions alternatives s'intensifie et certaines notions refont surface.

D'anciennes recherches mettaient en évidence l'existence de mycéliums capables de se nourrir des larves et des oeufs de parasites, notamment des petits strongles, parasites qui posent des difficultés dans la gestion actuelle chez les équidés.

Certains chercheurs envisagent d'intégrer ces champignons prédateurs des parasites équins dans l'alimentation de nos équidés à l'avenir. Des essais sont menés dans cet objectif.

Favoriser la présence des champignons prédateurs

Mais avant d'acheter une poudre contenant ces prédateurs, on peut favoriser ceux qui sont présents chez nous.

En effet, en France, ces champignons sont présents dans certaines pâtures. Ils appartiennent à l'équilibre naturel et aident votre cheval en diminuant la présence parasitaire. Ils consomment les oeufs et les larves des nématodes (petits strongles, grands strongles, parascaris, dictyocaulus...) qui parasitent les chevaux et vont intervenir jusque dans le crottin.

Si ces champignons ne sont pas systématiquement présents, c'est aussi parce qu'ils sont très souvent des victimes de nos pratiques de gestion parasitaire et de gestion de prairie.

Et si on les intégrait dans notre gestion parasitaire ? Et plus largement dans notre réflexion autour de l'environnement de nos chevaux, ânes et poneys ?

La biologie des champignons prédateurs

Pour comprendre comment faire, je vous propose un petit tour sur ce que l'on suppose de la biologie de ces animaux et sur ce que l'on ignore encore.

Ces champignons ont besoin pour être présents d'un sol de pâture, de terre dans laquelle se développer. Ils peuvent résister à la sécheresse, si elle ne se prolonge pas trop et ils vont avoir une action réduite sur un sol trop sec ou tassé. Les chemins, les zones de terre nue ou de boue ne permettraient pas le développement des champignons.

Le retournement des prairies réduit fortement la présence des champignons. L'action mécanique va détruire le mycélium qui se contruit lentement.

Le développement du mycellium se concentre en dessous des crottins et les zones de refus constitueraient des zones de refuge pour les champignons, car elles sont épargnées par le piétinement des chevaux tout en constituant une zone où les crottins s'accumulent. L'humidité du crottin semble suffire au développement des champignons (comme elle suffit aux parasites).

L'impact des retrait de crottins n'a pas été évalué sur les populations de prédateurs. Le stockage en fumière ne permettrait à priori pas un développement des prédateurs.

L'impact des traitements

Les traitements antiparasitaires systématiques ont un effet sur les populations de champignons prédatrices de façon indirecte. Quand les proies disparaissent, les prédateurs aussi. Mais si les parasites reviendront vite, les prédateurs qui se nourrissent des oeufs ou des jeunes larves, vont arriver avec un temps de retard, ce qui laisse le temps à une éventuelle surpopulation de s'installer.

Pour préserver l'équilibre des pâtures, avec l'aide des prédateurs, il est conseillé d'avoir une présence parasitaire environnementale permanente et donc de ne pas traiter sauf si la population parasitaire représente un danger réel pour l'équidé.

Les compléments, souvent à base de plantes, finissent dans les crottins et peuvent avoir un impact direct en détruisant les champignons prédateurs de parasites. Il est donc important de les réduire si on souhaite voir les champignons intervenir.

Il est à noter que la plupart des vermifuges dits naturels contiennent des plantes qui affectent les champignons.

Intégrer les prédateurs dans la gestion parasitaire

Loin d'être une solution unique, l'étude des prédateurs nous rappelle que la gestion parasitaire est avant tout une gestion de l'équilibre naturel et des populations parasitaires.

Aucune solution ne permet de répondre seule à la question du parasitisme.

Gérer le parasitisme, c'est envisager la gestion d'un environnement, des êtres qui y vivent et réfléchir chacune de ses actions en n'oubliant jamais que nous n'avons qu'une vision tronquée des phénomènes complexes à l'oeuvre.

Anne ANTA

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MAJ juillet 2022

Cheval au pré. Tous droits réservés à Techniques d'élevage.

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