Alimenter un cheval souffrant de MICI (ou IBD = Maladie Inflammatoire Chronique de l'Intestin)

Les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI pour les Français, MII pour les Canadiens et IBD = inflammatory bowel disease pour les anglo-saxons) provoquent un amaigrissement lié à une utilisation anormale des nutriments malgré un apport alimentaire et une prise d’aliment suffisants, ainsi qu’à une augmentation du métabolisme (secondaire à l’inflammation et la douleur chroniques, ou à un processus tumoral). Techniques d'élevage fait le point sur l'adaptation alimentaire nécessaire. 

L’inflammation peut avoir plusieurs origines, notamment parasitaires, ce qui fait qu’il existe dans la famille des MICI plusieurs maladies distinctes qui ne vont pas avoir les mêmes conséquences sur l’alimentation. 

Au niveau des recommandations vétérinaires générales, on a à la fois une recommandation pour des aliments hautement digestibles ce qui limite de facto le taux de cellulose brute et en même temps la présence de fibres enzymorésistantes. C'est donc un peu la quadrature du cercle. Après, on voit cité la pulpe de betterave mais il est hors de question de nourrir un cheval avec une quantité importante de pulpe de betterave sur un temps long (les MICI étant comme leur nom l’indique des maladies chroniques) et avec des sujets relativement jeunes. 

On entend souvent parler d’utiliser un aliment fibreux. Mais « aliment fibreux » ne veut pas forcément dire avec peu d'amidon même si c'est souvent le cas. Ensuite, si on veut avoir un effet sur le microbiote, il faut que la fibre soit digérée tard dans le tube digestif. Donc elle va circuler. Il me semble qu'il ne faut pas que les fibres soient trop dures (sur un plan mécanique) pour ne pas agresser la muqueuse. 

On connaît mal l’étiologie de ces maladies mais plusieurs points paraissent importants dans tous les cas : 

• Chercher à avoir le plus de renseignements possibles sur la cause exacte du souci pour le cheval concerné.
   
• Multiplier le nombre de repas. Cela diminuera l'incidence de l'apport de tel ou tel nutriment et d'autre part, cela permettra de passer malgré des capacités d'absorption de la muqueuse réduites. 
   
• Vérifier les dents et faire le maximum pour que le cheval mange lentement en mastiquant bien. 
   
• Faire un suivi parasitaire et notamment des enkystés très méticuleux et sous surveillance vétérinaire
   
• Avoir un rapport protidoénergétique élevé pour compenser une malabsorption protéique et un besoin accru. 
   
• Accentuer l'apport énergétique via les matières grasses ce qui va impliquer une vérification des apports en antioxydants (Se + Vit E). La suppression totale de l'amidon peut être nécessaire pour certains chevaux.  
   
• Prendre une marge de sécurité conséquente pour les minéraux de façon générale mais surtout en cas d'anémie puisqu'il va falloir aussi couvrir les besoins supplémentaires de récupération de la lignée rouge. 
   
• Doubler le temps de transition par rapport à un cheval "normal". 
   
• A partir du moment où vous avez un traitement avec des corticoïdes, vous allez avoir une augmentation du risque de fourbure. Il est important donc d'adapter en sus le régime alimentation à ce risque.
   
• Les MICI étant des maladies à médiation immunitaire, il est souvent nécessaire de déterminer si tel ou tel produit est favorable ou défavorable à l’expression des symptômes. De ce fait, comme pour les allergies en général, il est préférable de passer sur une alimentation « maison » afin de pouvoir retirer isolément tel ou tel ingrédient pour déterminer s’il fait réagir le cheval ou non et pouvoir ainsi établir une liste des ingrédients « bons » ou « mauvais » pour CE cheval qui peut tout à fait être différente de celle d’un autre cheval atteint pourtant de la même pathologie. 

Catherine Kaeffer

Les éditions Alpha et Oméga créées par notre équipe de Techniques d'Elevage
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MAJ janvier 2025