Apprivoiser son poulain
Une question qui se pose souvent est comment et quand commencer le débourrage d’un cheval.
A la limite, le débourrage peut commencer dès la naissance ou presque mais évidemment, il est hors de question de presser les choses mais au contraire de profiter du temps qu’on a pour aller encore plus lentement.
Débourrer, c’est donner à un cheval les premiers rudiments de dressage.
A ce stade, cela signifie :
se laisser toucher, être calme, confiant, marcher en main, ne pas mordre, ne pas taper, respecter l’homme, découvrir son environnement.
Il faut respecter le rythme du cheval, son développement physique et psychique.
Attention, faire les choses dans le plus grand calme et ne pas insister trop longtemps.
Il y a un principe en or :
Demander peu, recommencer souvent, récompenser beaucoup.
Avec un poulain, peu, c’est vraiment très peu.
Pour la récompense, attention, un jeune poulain qui n’a pas encore une dentition suffisante, ne peut pas toujours manger des carottes ou du pain… penser au sucre ou au lait en poudre !
Se laisser toucher par exemple, à condition de faire les choses très doucement, peut commencer dès la naissance.
Par contre, pour marcher en main, il faut déjà que le poulain soit bien assuré sur ses cannes !
Pour donner les pieds, il faut évidemment attendre un bon équilibre pour que le poulain puisse rester calme.
Si la jument est calme, son aide est évidemment très précieuse pour canaliser, rassurer, calmer, montrer...
Essai d’un programme de travail :
- Le poulain accepte qu’on l’approche sans reculer, sans avoir peur. S’il a peur, on approche d’abord maman sans s’occuper de lui, et petit à petit, il viendra poussé par la curiosité.
- Le poulain accepte qu’on le touche, sur tout le corps (cela peut demander un peu de temps).
- Le poulain accepte un pansage (faire attention aux brosses, utiliser ce qu’il préfère). Plus tard, apprendre à donner les pieds.
- Le poulain accepte qu’on lui mette un licol.
- Le poulain accepte qu’on le mène en main à côté de maman ou derrière si le passage est un peu étroit, puis devant maman, puis sans maman (très progressif)
- Le poulain accepte de rester immobile à côté de maman puis un peu plus loin, puis sans maman.
- Le poulain accepte de rester attaché à côté de maman, puis un peu plus loin, puis sans maman (pendant quelques minutes seulement et au début, il faut rester à côté).
- Le poulain est sorti à l’extérieur, tenu en longe sur licol correctement ajusté avec maman montée ou attelée, progressivement explorer les trois allures.
Attention, votre poulain n’a pas des os solides, ni des muscles et des tendons résistants… Il n’a pas encore les foulées de maman. Se souvenir du vieil adage des courses :
C’est le train qui tue.
Le pas est raisonnable, le trot est tout petit, le galop est très cadencé… et les temps d’allures vives sont très courts… mais vraiment très courts ! Parfois deux ou trois foulées suffissent
Si maman est calme, l’utiliser pour habituer le poulain à ce qui fait peur : passages impressionnants, linge qui vole au vent, couleurs vives, monter dans le van, la douche, le vent, la pluie, la neige… les choses de la vie, quoi.
Si maman n’est pas calme, attendre un peu après sevrage pour utiliser un autre " maître d’école " ou rien mais ne pas laisser le poulain voir la peur de sa maman.
A la moindre crispation, arrêter, caresser… ne pas aller plus loin… vous avez le temps, demain est un autre jour !
Apprentissage indispensable : apprendre à manger les carottes et le pain ! Attendre que les dents soient bien formées. Faire des bouts pas trop petits pour qu’il n’essaie pas de l’avaler d’un coup et qu’il apprenne à croquer ou alors tenir fermement la carotte.
NB : les pommes, ce n’est pas interdit, c’est même conseillé mais en bouts.
Bref, se dépêcher avec lenteur, utiliser la curiosité et l’intelligence du poulain, de la douceur, beaucoup de douceur…
Mais de la fermeté. Il est très mignon, mais s’il essaie de mordiller ou de taper, votre réaction doit être immédiate… repoussez-le comme sa maman le ferait. Il doit apprendre les bonnes manières.
J’ai connu un poulain qui avait l’habitude de mettre les antérieurs sur les épaules de sa propriétaire que cela amusait beaucoup… sauf que c’était un poulain de trait et que quelques mois plus tard, il pesait dans les 700 kg et il ne comprenait pas pourquoi ce n’était plus drôle !
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