Chacun son métier, les vaches seront bien gardées...
Billet d'humeur de Techniques d'élevage.
Un jeune veut devenir moniteur d'équitation. Quelles sont les exigences ? D'abord être un bon compétiteur, une personne capable d'exprimer le potentiel d'un cheval.
La science du contact, de l'explication claire, du « je prends par la main un petit bout de chou qui est tout intimidé pour lui faire découvrir un monde », c'est la cerise sur le gâteau.
La meilleure preuve est que si on est un cavalier qui n'aime pas la compétition, on peut avoir toutes les qualités pédagogiques possibles et imaginables, on ne pourra pas devenir moniteur. Alors qu'un compétiteur de bon niveau mais taciturne n'aura aucun problème.
Tout cela parce qu'en France, on a une politique de formation élitiste, du genre « qui peut le plus, peut le moins ».
Et on a une hiérarchie des métiers entre les « bien considérés » et les « voies de garage pour dernier de la classe ».
Dans le monde du cheval, le cavalier professionnel, le champion est supérieur au bon pédagogue. Mais aussi, le cavalier est supérieur au dresseur, lui-même supérieur à l'éleveur.
En fait, c'est comme dans l'éducation nationale : l'âge de l'élève fait la reconnaissance de celui qui s'en occupe... Professeur d'université sur une carte de visite avouez que cela a plus de classe qu'instit !
A moins que ce soit les reliquats d'une autre époque où le noble, considérable et considéré, restait les fesses sur son cheval même dans les églises alors que le roturier de service avait les pieds dans le crottin... et ceci sans préjuger de leurs qualités respectives, professionnelles ou humaines.
C'est ainsi qu'on voit beaucoup de compétiteurs partir du principe que s'ils peuvent monter un cheval dans un concours de haut niveau alors à fortiori, ils pourront dresser un poulain et quant à le mettre au monde, aucun problème, ils sont au-dessus de cela et en plus, Dame Nature étant bien faite, c'est la mère qui fait tout le boulot !
Que nenni !
Ce n'est pas parce qu'on sait aborder un obstacle avec la gniark et déjouer les pièges d'un parcours qu'on est capable de démarrer un poulain, de s'en occuper tous les jours, de gérer un pâturage, de calculer une ration. Et vice versa.
Je dirais même plus, comme les Dupont, c'est antinomique.
La perception du temps n'est pas la même. Les priorités non plus. Renoncer, attendre, surveiller, aller tout doucement, se faire oublier, soigner, cocoonner, flirter avec la vie et la mort en pleine nuit dans une écurie. Ou bien avoir des sensations, attaquer les obstacles, tourner court, avoir la gagne, être sur le podium en pleine lumière, se battre et réussir.
Il y faut des qualités différentes. Et le métier même forme des individus différents.
J'aurais pu dire la même chose de la différence entre un vétérinaire qui est incollable sur un animal malade et un zootechnicien (oui, c'est un terme qui tellement oublié qu'on se demande s'il a été un jour dans le Larousse), disons un agronome qui a fait sa spécialité de l'animal sain.
On le sait bien à Techniques d'élevage. Nous avons trois profils très différents. Alors devant le même problème, Anne pense patho ou dressage, François pense métabolisme et chimie et moi, je pars du principe que c'est un problème d'élevage.
Alors oui, cavalier professionnel, vétérinaire, maréchal, ce sont des métiers.
Mais éleveur aussi, c'est un métier et n'en déplaise à certains, cela ne s'improvise pas.
Il n'y a pas de sot métier, il n'y a… je vous laisse continuer.
Catherine Kaeffer
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MAJ août 2024