Les fourrages : foin, ensilage, enrubanné… quelles différences et quelles utilisations ?

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Omega

La base de l’alimentation des herbivores (chevaux, poneys, ânes, vaches, moutons, chèvres…) est le fourrage. Malheureusement, l’herbe ne pousse pas toute l’année. Il faut donc la conserver pour les mois d’hiver ou le creux de la période estivale. Mais quel est l'impact nutritionnel et sanitaire des différentes méthodes de conservation ? Techniques d'élevage fait le point

Partons de l’herbe dans le pré. Elle contient 80 % d’eau. Si on la met en tas, elle chauffe, elle moisit… bref, elle est rapidement inconsommable.

Il faut donc la « stabiliser » donc limiter le développement des microorganismes.

1ère solution, le foin : diminuer sa teneur en eau

C’est exactement la même chose que de faire un fruit sec, une confiture ou de saler un poisson pour le conserver. On fait sécher l’herbe jusqu'à ce qu'il ne reste que 10-15 % d'eau.

Méthode naturelle : on coupe l’herbe et on la laisse sécher sur le sol en la retournant. Le vent et le soleil font leur office… mais malheureusement la pluie aussi qui lessive des éléments nutritifs d’une part et permet le développement de moisissures en retardant la perte en eau d’autre part. C’est le foin.

Méthode artificielle : on peut sécher le fourrage de façon artificielle, le plus souvent après hachage. C’est cher, dispendieux en énergie, pas très écologique mais le résultat est excellent. Ce traitement est généralement réservé aux fourrages de bonne qualité. Pour ce type de produit, on utilise souvent le terme de déshydraté mais parfois aussi celui de foin.

2ème solution, l’ensilage : conservation humide en l’absence d’oxygène

Si pour des tas de raisons, on ne peut pas faire sécher l’herbe, il est possible de la conserver humide en la faisant fermenter avec des bactéries lactiques anaérobies. C’est un ensilage.

Ce sont les gros tas dans les cours de ferme recouverts d’une bâche plastique noire avec des pneus ou du sable dessus.

Bactéries lactiques car elles consomment les sucres solubles de la plante pour élaborer de l’acide lactique qui acidifie le tas. Le développement des autres bactéries est alors stoppé. Le pH en fin de transformation est inférieur à 4.

Bactéries anaérobies parce qu’elles ne se développent qu’en l’absence d’oxygène. C’est pour cela que l’on voit les tracteurs monter sur le tas d’ensilage lors de sa confection (ce n’est pas uniquement pour jouer aux montagnes russes) afin de bien tasser et d’éviter les poches d’air au maximum. C’est pour cela aussi qu’on le garde sous bâche et qu’on veille à ce que la bâche soit bien appliquée sur le tas (d’où les pneus ou le sable qui font poids).

Bref, on fait une espèce de choucroute mais avec de l'herbe (ou du maïs) à la place du chou (d'où une odeur type choucroute qui est due à l'acidité). C'est de l'ensilage.

Et si on broie toujours le produit avant de fabriquer l’ensilage, c’est non seulement parce que c’est ensuite plus facile à manipuler mais aussi pour éclater les parois et donc donner un meilleur accès aux sucres solubles de la plante pour les bactéries. Remarque : l'ensilage d'herbe ne convient pas aux chevaux.

3ème solution : Et l’enrubanné dans tout cela ?

On fait moitié/moitié. On laisse sécher un peu sur le champ mais pas assez pour faire un foin (jusqu’à 40 % d’eau environ). On conditionne en serrant beaucoup sous plastique (donc absence d'air). Cela s'acidifie un peu mais moins qu'un ensilage. C'est un enrubanné ou un préfané.

Ce sont les gros rounds que vous voyez entourés d’un plastique vert sur les champs.

Avantage de la méthode : on peut conserver tels quels.

Inconvénient : un rat ou une manutention inappropriée qui font un trou dans le plastique vous foutent toute une zone du round en l’air car dès que l’air rentre, les moisissures repartent !

Pour les chevaux, l'enrubanné est très bien consommé et le plus souvent ne pose pas de problèmes parce qu'il est beaucoup moins acide que l'ensilage.

Par rapport au foin, comme il contient plus d'eau, il n'y a pas de poussière. Il va donc mieux pour les chevaux emphysémateux.

Il y a moins de perte lors du séchage qu'avec un foin, donc au niveau nutritionnel, je dirais qu'il est équivalent à un foin de bonne qualité... donc beaucoup mieux que l'espèce de truc jaunasse et tout en tiges qui a passé plus de 10 jours sur le champ et sous la pluie qu'on peut voir parfois.

Cela veut dire aussi qu'une fois entamé, le round doit être consommé rapidement (2 jours en été, 3 à 4 en hiver). Donc il ne convient pas pour un seul cheval.

Cela veut dire encore qu'il faut ramasser ce qui est tombé par terre pour que les chevaux ne consomment pas ce qui reste du round précédent.

Sur la question très controversée de savoir s’il fait grossir les chevaux, je dirais qu’il fait moins grossir que la même quantité de foin de qualité équivalente puisqu’il contient plus d’eau.

Mais il est facile de rater un foin, même pour un agriculteur d’expérience, surtout dans certaines régions où il pleut souvent. Cela fait que de nombreux foins ont une valeur nutritive très faible du fait de mauvaises conditions de récolte. Cela explique cette réputation de l’enrubanné.

En outre, son arrivée est assez récente donc il suscite encore pas mal de craintes. Je dirais que bien utilisé en faisant attention à la gestion, c’est un fourrage excellent.

Catherine Kaeffer

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MAJ août 2024

Foin et paille devant un box. Techniques d'élevage (R) Tous droits réservés

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