Pourquoi apprendre aux poneys et aux chevaux à marcher en main ?
Tout d’abord, je souhaiterais vous raconter deux anecdotes :
Deux enfants ramènent un poney au pré, celui-ci se laisse traîner au bout de la longe. Les enfants tirent de toute leur force et arrivent péniblement à faire bouger le poney.
Quand ils arrivent à la petite route le poney traverse rapidement, double les enfants, tire sur la longe que les enfants finiront par lâcher et va brouter quelques herbes tentantes sur le bord de la route. Les enfants récupèrent la longe et tirent. Rien à faire le poney continue à brouter sans s’en soucier. Un des enfants a alors l’idée de pousser le poney pendant que le deuxième tire. Le poney reste imperturbable. L’enfant qui pousse n’en pouvant plus saisit une cravache oubliée sur le bord du chemin et frappe le poney.
Contre toute attente, le poney n’avança pas, il tourna sur lui-même et botta l’enfant. L’enfant reçut un sabot dans l’œil, le deuxième lâcha la longe et tandis qu'il courait chercher de l’aide, le poney restait près de l’enfant blessé à brouter.
Une anecdote de mes débuts en main avec les chevaux :
Il fallait sortir la poulinière. Licol ajusté, nous sommes partis. La poulinière était " chaude ". Elle marchait vite, utilisait sa masse, donnait des coups de tête et se cabrait quand je lui demandais de s’arrêter… Il fallait passer au milieu d’une petite cour où enfants et shetlands se partageaient l’espace. J’ai raccourci la longe pour la tenir serrée. Elle s’énervait au point de me faire décoller à chacun de ses pas de piaffer. La cour se terminait par un espace large de 1,50 mètres entouré d’un côté par un coin de bâtiment en béton, de l’autre une barrière en bois solide. Au moment de passer l’étranglement, la poulinière m'a poussée et est partie au galop. Je n’ai pas eu le temps de réagir que, emportée par l’élan et la traction de la longe, je me suis déjà pris le mur en pleine face ! Heureusement, la poulinière eut un temps d’arrêt et j’ai eu le temps de la reprendre tant bien que mal en main. La suite bien qu’éprouvante ne fut pas aussi spectaculaire.
Que l’on soit en présence d’un shetland, d’un poney ou d’un cheval. Il ne se passe pas une journée sans que l’on soit obligé de les tenir en main. Or être en main pour un cheval n’a rien de naturel et si les anecdotes que je viens de vous raconter ne vous suffisent pas : Voici la théorie…
Le cheval est une ancienne proie, fuir c’est pour lui synonyme de survie.
De plus, si vous observez un groupe de chevaux qui se connaissent bien, vous remarquerez qu’il y a un cheval (toujours le même) qui décide où le groupe va (il n’y a d’ailleurs jamais de discussion sur le sujet). Si vous l’observez plus attentivement, vous vous rendrez rapidement compte que ce n’est pas le dominant, que c’est souvent une femelle assez âgée (mais j’ai connu un jeune hongre dans cette situation), et qu’il est souvent respecté par les autres chevaux (autant que le dominant). En le connaissant mieux, vous pourrez également vous rendre compte que ce n’est pas le plus fort mais le plus… intelligent ou débrouillard !
Maintenant que l’on sait qui occupe la fonction de mener le troupeau, il faut se mettre dans la peau du meneur. Il faut donc être intelligent, débrouillard et le prouver ! C’est là, le plus difficile. Ordonner à un cheval de vous suivre (= prendre la place du dominant) vous donnera soit un cheval fuyant (toujours en bout de longe), soit un cheval " Iznogoud " qui ne cessera de vous tester sur un plan force pour vous surpasser. Dans les deux cas, personnellement, je manque un peu de biceps ! Comme vous l’avez certainement compris !
Bien sûr, au départ, il faudra vous imposer en tant que chef, mais il faut toujours garder à l’esprit que ce n’est pas là votre place définitive. Petit à petit, vous passerez de chef à meneur, vous bénéficierez ainsi de l’avis du cheval pour vous guider et d’un repos conséquent pour vos muscles. Pour changer de place, il vous faut acquérir le respect équin.
Comment ? Suspense… (voir les prochains articles)
Remarque : la position que j'ai sur la photo n'a rien d'académique ni même de souhaitable, un mauvais exemple à ne pas reproduire...
A bientôt
Anne