Mélange des genres ?

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha & Oméga

On parle beaucoup de dérives dans le sport équestre. Il en est une qui me tient particulièrement à cœur, c’est ce que j’appellerais la confusion des genres.

Cela est particulièrement visible dans les épreuves de dressage.

Si je reprends les définitions classiques du dressage, je retrouve évidemment le fameux « en avant, calme et droit », des notions d’impulsion, de rectitude, de légèreté. Plus proche de nous en 1966, l’épreuve du dressage portait sur « l’exactitude, la précision, la soumission aux aides, la beauté et l’harmonie apportées à l’exécution ».

Aujourd’hui, sur le site de la Fédération on peut lire : « Le dressage consiste à faire évoluer les chevaux afin de montrer l’élégance de leurs mouvements et leur facilité d’emploi. Ce n’est plus un glissement sémantique, c’est un changement complet de point de vue.

L’élégance passe en premier. Avant la facilité d’emploi. Dans tout le paragraphe, il n’est plus question d’exactitude, de précision mais de brillance beaucoup plus dans l’air du temps.

Ce qui me heurte profondément dans cette affaire c’est que cela a des conséquences sur le type de chevaux. Quelle que soit la race, vous pouvez obtenir un cheval qui est soumis aux aides, qui travaille avec précision et exactitude et dont se dégage la beauté et l’harmonie.

Par contre, il est évident que les allures sont très dépendantes de la conformation. Quant à l’élégance, c’est une notion subjective. Mais il faut bien avouer que certaines races sélectionnées ont les membres qui ne semblent pas toucher terre, alors que d’autres, rien que par une conformation différente, n’arriveront jamais à ce résultat quel que soit par ailleurs la qualité du dressage et la profondeur de l’entente du couple.

En outre, dans la notion d’élégance, on entre forcément une notion de gabarit. Un petit rondouillard ne pourra jamais être bien noté puisqu’on a comme arbitre des élégances des modèles beaucoup plus grands.

Mais alors qui juge-t-on sur un carré de dressage ? Le travail du couple, la qualité du dressage ou… la race du cheval et la génétique sélectionnée par l’éleveur ?

Or, pour juger de la génétique, il y a les concours d’élevage qui jugent les chevaux par rapport à un standard de race. C’est leur rôle. Et donc les éleveurs ont leurs épreuves et leur système d’évaluation de leurs résultats. 

Alors que dans un carré de dressage on se met à juger du cheval en fonction d’un standard tout court… nuance importante.

On exigera le même placer d’un cheval qui de par sa race a des ganaches importantes. On exigera la même extension des antérieurs vers l’avant. On exigera les mêmes allures aériennes… et on se plaindra en même temps que beaucoup de races évoluent vers un modèle plus « sport ».

Vous trouvez que j’exagère ? Alors qui présentera un Comtois ou un Ardennais en dressage ? Vous souriez ? Ce sont des chevaux qui peuvent être droits, calmes, avoir de l’impulsion, être harmonieux, travailler dans la précision et la compréhension des aides… alors ? Alors, si vous souriez c’est qu’ils n’ont pas les allures et le rebond d’un cheval allemand. Même le Lusitanien est en minorité sur les rectangles de dressage alors qu’il a l’équilibre et qu’il a été sélectionné pour cela. Mais il n’est pas aussi proche de l’uniformisation souhaitée.

Et le comble est lorsqu’on arrive à l’attelage où au lieu des races traditionnelles de ces disciplines, on voit fleurir dans les harnais des chevaux qui ne sont pas faits pour cela mais qui incontestablement ont des allures splendides au dépens de chevaux qui excellent pourtant dans cette discipline.

Je pense que l’amélioration d’une race est une chose. Le dressage en est une autre et le jugement devrait faire fi de la race du cheval sans quoi la formation du cheval risque fort de devenir un formatage.

Catherine Kaeffer 

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Cheval attelé en concours. Image soumise à droits d'auteurs. Techniques d'élevage. 2014

Cheval attelé en concours. Image soumise à droits d'auteurs. Techniques d'élevage. 2014

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