Les turpitudes biochimiques des acides aminés soufrés
Les acides aminés soufrés (la méthionine et la cystéine) apportent le soufre nécessaire à l’organisme mais la question que l’on peut se poser est : comment ?
En premier lieu, il faut rappeler que la méthionine est un acide aminé essentiel (non synthétisable par l’organisme) mais pas la cystéine et pourtant, les deux métabolismes sont inextricablement liés.
L’absorption s’effectue par un transporteur EAAT3 au niveau de l’ileum distal de l’intestin. La métabolisation de la cystéine a lieu dans le foie et est libérée en cystine oxydée. Cette dernière est la seule des deux à pouvoir passer la barrière hémato-encéphalique et est distribuée dans les astrocytes (cellules nourricières des neurones) pour y être converti en GSH (glutathion peroxydase).
Entrons dans la biochimie profonde, obscure et surtout rendant aspirino-dépendant, en commençant par un schéma :
Comme vous pouvez le constater, la cystéine peut être synthétisée par la méthionine mais la production de méthionine est impossible. Nous allons détailler les éléments principaux de ce schéma.
L’adénosyl méthionine n’a qu’une isoforme active : la S d’où le nom de S-adénosyl méthionine c’est dû au fait que la réaction provoque la formation d’un sulfonium dont l’atome de soufre devient chirale (asymétrie). C’est un coenzyme donneur de radicaux méthyl pour la plupart des transméthylases. Elle sert dans l'organisme à la synthèse de l'épinéphrine (adrénaline entre autres choses).
Il se trouve que cette molécule peut être directement absorbée dans l’intestin et est métabolisée rapidement et presque complètement par le foie.
La cystéine dioxygénase oxyde le groupement soufré de la cystéine et à partir de ce moment, le métabolisme peut conduire au pyruvate lequel peut soit servir à la production d’ATP (énergie) soit à la production de glucose (néoglucogénèse).
Le dioxyde de soufre, produit lors de ces réactions, est pris rapidement en charge puisque cette molécule est toxique comme nous l’avons vu (antisepsique). Le SO2 est oxydé en sulfate (SO42-) puis récupéré par un AMP (adénosine monophosphate) estérifié en 3’par un deuxième phosphate pour donner une nouvelle molécule : le phosphoadénylyl phophosulfate (PAPS)
Le PAPS permet l’activité des sulfotransférases. Ces enzymes participent à la biosynthèse des glycosaminoglycanes (molécules de cartilage, osseux, tendons, sabot…) et à la détoxification hépatique.
Voilà de quoi étancher votre soif de biochimie pour les prochaines années.
François Kaeffer
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