Reconversion mentale et dressage animalier : la théorie du château de cartes
L'esprit d'un animal repose sur quelques principes fondamentaux qui font sa personnalité, son identité. Ces principes sont acquis dès le plus jeune âge et donnent le socle de tout apprentissage.
Ce socle est plus ou moins propice à l'Homme, mais il est très rarement hostile. L'hostilité de l'animal envers l'Homme est totalement apprise et peut donc par conséquent être désapprise. Ceci est également vrai pour toutes les relations que l'animal entretient avec l'Homme : la confiance, la communication sereine, le dialogue constructif... ainsi que pour tous les exercices « artificiels » et les ordres.
Quand un animal change de propriétaire ou de dresseur, il va soit poursuivre sur son « évolution » mentale, soit entamer une « reconversion » mentale.
Pour mieux comprendre ce principe, nous allons considérer que l'animal est composé d'un socle et que chaque idée ou concept mental est une carte. Dans un jeu, il y a des cartes noires et des cartes rouges. Vous pouvez choisir de mettre une carte rouge ou une carte noire. Ces cartes sont numérotées de l'as au roi. Et vous devrez faire une suite logique.
Prenons un exemple :
L'animal dispose sur son plateau des cinq premières cartes noires et des deux premières cartes rouges. Ces cartes étant incompatibles, elles sont chacune de leur côté du socle. Comme ceci :
Les cartes rouges représentent une méthode de dressage, les cartes noires représentent une autre méthode.
Revenons à notre animal.
Depuis qu'il est né, on l'a dressé et éduqué d'une certaine façon avec l'Homme. Imaginons que cette première méthode est composée de cartes noires. Ces cartes noires s'arrangent les unes avec les autres pour former un château de cartes. Un édifice à la fois imposant et fragile. Tout l'équilibre mental de l'animal repose sur ces cartes noires.
Quand vous rencontrez cet animal, vous voyez tout comme « vu du ciel ». Vous voyez donc la dernière ou les dernières cartes noires installées. Vous voyez un cheval monté, un chien dressé, un chat câlin... ou un cheval agressif, un chien désobéissant, un chat mordeur...
Quand vous allez reprendre cet animal, vous avez le choix de continuer à construire sur ces « fondations » ou non.
Si vous faites le choix de continuer avec les cartes noires, tout peut très bien se passer. Les fondations solides supportent vos nouvelles cartes adroitement posées. Mais parfois, le château peut s'écrouler.
Car « vu du ciel » les dernières cartes sont belles mais vu de profil, voilà ce que l'on trouve :
Deux cartes de fondation manquent à l'édifice et votre carte fait tout s'écrouler. L'animal se révolte et souffre psychologiquement de cet effondrement de ses acquis. Vous vous retrouvez donc sur le socle, tout ce qui a été appris est perdu et il faudra beaucoup de temps à votre animal pour accepter de tout reprendre depuis la première carte noire.
Au moment de votre première rencontre avec un animal, vous devrez donc, même si vous comptez sur ses acquis, essayer de défaire provisoirement, en douceur, le château de cartes pour vérifier que toutes les cartes sont là.
Une fois que ce sera fait, vous pourrez rapidement les remonter sans révolte de la part de l'animal. Et s'il en manque, votre animal n'en souffrira pas puisque vous saurez comment reconstruire des fondations solides.
Mais si votre château s'écroule suite à une maladresse ou que les cartes ne vous plaisent pas, vous pouvez choisir de changer de stratégie. C'est ce que j'appelle la reconversion mentale. Vous avez un château de cartes noires (ou un ancien château de cartes noires en ruines) et vous avez décidé d'en faire un rouge.
Vous déposez donc la première carte rouge de votre château.
Les cartes rouges et noires sont incompatibles. Il faudra donc faire très attention à ce que les cartes rouges ne se déposent pas sur une carte noire. C'est à ce moment-là que l'on peut choisir deux méthodes radicalement différentes ou vérifier à chaque étape que l'animal n'associe pas les noires avec les rouges. Si c'est le cas, on démonte gentiment les cartes noires qui sont dans notre château et on remet nos rouges en place.
Mais attention, ce travail ne donne pas des résultats immédiat. En effet, depuis votre « vue du ciel » vous verrez toujours le plus haut des châteaux en premier. C'est donc à celui-ci que l'animal fera systématiquement référence dans un premier temps. Il est de votre responsabilité d'expliquer à l'animal que vous souhaitez qu'il fasse référence à l'autre. Et si vous interdisez à l'animal de faire référence au premier château, celui-ci n'acceptera jamais celui que vous mettez en place. L'équilibre psychologique de l'animal étant basé sur le premier château, il refusera de le mettre en péril en ne s'y référant pas.
Dans ce travail de châteaux tantôt en construction, tantôt en évolution, il y a un ennemi mortel : le vent. Ce vent métaphorique, c'est le temps, le repos psychologique.
Quand on ne travaille pas un animal, son château perd peu à peu ses cartes. Elles s'envolent en commençant par les plus hautes. Seul le château non utilisé est concerné.
Ainsi, un animal qui ne travaille pas un sujet plusieurs mois voit son château se réduire à peau de chagrin. Il n'y a pas de révolte puisque les cartes s'enlèvent lentement mais la dégradation est bien réelle.
Si on met un animal au repos mental, il faut donc considérer assez rapidement (quelques semaines à quelques mois) que les cartes que nous estimions les siennes ne le sont plus. Il faut donc vérifier régulièrement que la « vue du ciel » est la même et que la carte que vous comptez mettre est bien la suivante.
Un jour, le château s'écroule, tantôt avec fracas, tantôt discrètement. Le socle nous apparaît alors et le cheval que nous avons en face de nous n'est plus que son caractère, son identité.
Les erreurs courantes à éviter sont :
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Mettre des cartes rouges sur des noires et inversement : c'est le mélange des méthodes passées et présentes. Un moyen de faire tout s'effondrer et de discréditer les deux méthodes aux yeux de l'animal.
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Tenir compte d'un château pour construire un deuxième. L'avancée dans une méthode ne donne aucune capacité dans une autre et les références à une autre méthode peuvent donner des quiproquos dangereux.
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Vouloir descendre « de force » l'ancien château de cartes car il ne nous plait pas. Cette action reviendrait à l'effondrement psychologique de l'animal.
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Laisser faire le temps en estimant que l'on ne gardera que le meilleur. Cette stratégie du temps fonctionne si on est conscient que l'on ne gardera que le socle... un socle que nous ne pouvons voir « depuis le ciel » et dont nous ignorons la nature. Un socle avec lequel il faudra composer.
Anne Anta
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