Faire maigrir une poulinière trop grosse, une question de timing

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Oméga

Votre poulinière est trop grosse. Que ce soit par suite d’une erreur alimentaire ou parce qu’elle est du genre à prendre du poids en suçant des cailloux, il est important de la ramener à un poids meilleur pour sa santé. Mais tous ces changements doivent être faits en préservant à la fois la santé de la mère et la santé du poulain… donc à des moments stratégiques par rapport à la gestation et à la lactation. Techniques d'élevage fait le point.

Attention qu’encore plus qu’avec les autres chevaux, pour une poulinière, la taille du ventre n’est pas un critère pour déterminer de sa masse de graisse. Il faut se reporter aux maniements traditionnels, soit la couverture de gras au niveau des côtes, le chignon, le recouvrement de la base de la queue et le fait que la croupe soit double ou non (en fonction de la race).

Pour notre poulinière, il est indispensable qu’elle n’arrive pas trop grosse à la mise-bas. Par contre, toute restriction alimentaire pourrait être néfaste pour la fécondité. Donc tant qu’on n’a pas la confirmation de la gestation, il faut maintenir la jument à un régime strictement conforme au niveau énergétique avec ses besoins.

Une fois la gestation confirmée, et le premier mois derrière vous, il est possible de faire une petite restriction énergétique (mais aucune restriction ni minérale, ni protéique) pendant les 6 premiers mois de gestation. Elle doit être inférieure à 10 % soit 0,4 UFC pour une jument de 500 kg. Cela permet de faire une baisse de poids de l’ordre de 22 kg en 5 mois et donc de diminuer d’environ d’un demi-point la note d’état corporel (échelle INRA) soit de la faire passer par exemple d’une note de 4 (grasse) à une note de 3,5 qui est un peu gros pour une jument à ce moment du cycle.

On peut ensuite continuer cette diminution énergétique en augmentant progressivement en fonction des besoins de gestation mais en gardant toujours ce décalage de 10 % qui va donc naturellement évoluer vers –0,5 UFC. Évidemment, on couvre les besoins protéiques et minéraux. On limite ainsi la prise de poids du poulain dans les dernières semaines et les difficultés de poulinage.

Dans les derniers jours de gestation, on peut préparer au poulinage, si la jument est revenue à un poids acceptable en commençant à augmenter la ration. Mais si elle est encore trop grasse, le remède serait pire que le mal.

Par contre, pendant les 3 premiers mois de lactation, toute restriction énergétique ou autre est totalement exclue. Il faut soutenir la jument et sa production laitière au mieux et faire que le poulain se développe.

Si la jument est encore trop grosse, on pourra reparler restriction énergétique (et encore une fois seulement énergétique, les protéines et les minéraux, on couvre), à partir du 4ème mois de lactation tout simplement en prenant une courbe descendante un chouïa plus rapide que celle préconisée. Pour ne pas pénaliser la production laitière, tourner plutôt autour de 5 % de sous alimentation énergétique sachant que comme on est à des niveaux élevés, cela fait déjà pas mal.

Si la restriction doit toujours porter uniquement sur l’énergie et non être globale, c’est simplement parce qu’on désire éliminer la graisse. Si on descend les protéines, la jument va détruire ses muscles, ce qui sera très néfaste pour elle. Si on descend les minéraux, ce sont les réserves de l’organisme et notamment les réserves osseuses qui seront attaquées avec des conséquences néfastes pour sa santé. Enfin, pour les éléments qui ne sont pas stockés par l’organisme, c’est tout le métabolisme qui sera touché.

Alors encore plus que pour tous les autres chevaux, faire maigrir une poulinière, ce n’est pas donner moins d’aliment, c’est modifier le rapport entre les différents constituants de la ration pour apporter la même chose avec moins d’énergie. On retrouve un avantage indéniable des rations « maison » quand elles sont bien calculées. Il est toujours possible de descendre l’apport énergétique tout en gardant les autres apports normaux. Alors qu’avec un aliment tout fait, si vous baissez la quantité par exemple de 10 %, certes vous aurez 10 % d’énergie en moins (apportés par l’aliment) mais aussi ipso facto 10 % de protéines, de minéraux ou de vitamines en moins.

Bien suivie et alimentée au mieux, il est possible sans aucun problème de modifier de 1 une note d’état corporel d’une jument poulinière sur le cycle, ce qui est considérable. Et cela sans aucun risque ni pour la jument ni pour le poulain.

Nous verrons dans un prochain article le cas inverse : la poulinière trop maigre

Catherine Kaeffer

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MAJ juin 2023

Ponette gestante. Techniques d'élevage (R) Tous droits réservés

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