Bien exploiter l’herbe : l’art du compromis
Que ce soit par pâturage ou par fauche, l’exploitation de l’herbe est le pilier de la plupart des élevages équins. L’image d’Épinal de chevaux pouvant galoper librement dans une prairie a perte de vue a son revers : destruction progressive de la prairie et envahissement par des refus, parasitisme, faible rendement.
Pour pallier ses inconvénients, une démarche raisonnée de pâturage est donc souhaitable. Il s’agit de déterminer à quel moment il est opportun de faire pâturer ou de faucher telle ou telle parcelle.
Au printemps, une graminée comme le ray-grass commence par germer puis forme plusieurs talles autrement dit une plantule initiale va produire plusieurs tiges qui partent de la base. C’est très différent par exemple de la germination d’un chêne qui à partir d’un gland va émettre une seule tige qui deviendra un tronc.
Ces multiples tiges forment à la base ce qu’on appelle le plateau de tallage. Visuellement, c’est cela qui va former une « touffe d’herbe ». A la base, ces talles sont essentiellement constituées de feuilles. Puis les tiges vont s’allonger, l’épi va monter dans sa gaine et ce sera l’épiaison c’est-à-dire l’apparition de l’épi.
Schématiquement, plus une plante ou une partie de plante est rigide, plus elle contient de tissus de soutien, de fibres. Autrement dit plus elle sera riche en cellulose brute et donc moins elle sera digestible. La valeur nutritive diminue donc avec l’augmentation de la « rigidité » de la plante. Plus il y aura de tiges, plus ces tiges seront rigides, moins la plante sera « riche ».
Les feuilles plus souples ont une valeur nutritionnelle supérieure aux tiges. Donc le pourcentage de feuilles que ce soit dans un foin ou dans une herbe, vous donnera une première estimation de ce que vous pouvez en attendre en termes d’alimentation de vos animaux.
Toute la question est donc de savoir à quel stade on décide d’exploiter.
Si on exploite l’herbe jeune, on a principalement des feuilles, peu riches en cellulose donc très digestibles et regorgeant de nutriments. Donc une valeur alimentaire élevée par kg. Par contre, une quantité d’herbe présente assez faible, donc une production à l’hectare peu élevée.
Si on attend un peu, l’herbe continuant à pousser, on va avoir une plus grande quantité d’herbe présente à l’hectare. Par contre, forcément, comme on avance vers l’épiaison au premier cycle et comme la plante vieillit pour les autres, il y aura de plus en plus de tiges. La plante sera plus rigide, plus sèche, plus coupante. Elle sera donc moins digestible, moins intéressante sur le plan nutritionnel. En outre, elle sera moins appréciée des animaux surtout des chevaux qui aiment l’herbe jeune.
Toute la problématique est là : avoir une faible quantité d’un fourrage de très bonne qualité nutritionnelle ou avoir une quantité plus importante d’un fourrage de qualité nutritionnelle moins bonne.
Le choix de la date d’exploitation est donc forcément un compromis d’autant que d’autres facteurs se greffent dessus comme la disponibilité des surfaces, le nombre de chevaux, voire l’emplacement géographique des parcelles….
Même si on exclut ces facteurs, il reste un choix stratégique à faire entre qualité et quantité. Si vous avez des chevaux à forts besoins comme des juments allaitantes, cela peut être intéressant d’avoir la meilleure qualité de fourrage possible et donc de sacrifier – un peu – la quantité présente pour l’obtenir.
Par contre, si vous avez du poney de selle ou du trait, il est au contraire intéressant d’avoir la plus grande masse de fourrage possible et surtout un fourrage de faible qualité nutritive plus adapté à leurs faibles besoins. Dans ce cas, la stratégie peut être de faucher une partie de la surface pour la mettre en réserve pour d’autres périodes de l’année.
Catherine Kaeffer
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