Avoir des chevaux différents dans le même pré

Publié le par Catherine Kaeffer. Alpha et Omega

Vivre à plusieurs dans un même pré est pour les chevaux une situation logique.

Cependant, elle peut poser pour le propriétaire quelques soucis de gestion des parcelles et de management des repas.

Si les chevaux du pré sont relativement équivalents au niveau des besoins alimentaires, il suffit de s’assurer que tous puissent prendre le temps nécessaire pour manger leur ration tranquillement, quand ils en ont. Pour la gestion des parcelles, ce qui convient à l’un conviendra à l’autre.

La situation est toute différente quand les différents chevaux n’ont pas du tout les mêmes besoins. Le cas classique est celui du petit shet, voire de l’âne qui tient compagnie au cheval de sport. Le sportif a des besoins importants dû notamment à sa grande taille et à son travail. Le shet ou l’âne ont des besoins réduits.

Cela veut dire que si la quantité d’herbe disponible est correcte pour le cheval de sport, elle transformera le shet en un petit tonneau sur pattes et pour l’âne, on ira tout droit aux gros problèmes… le shet aussi mais il faudra un peu plus de temps.

En effet, pour le cheval de sport, il lui faut l’herbe de Normandie. Pour le shet, il faut que vous ayez un pré digne des îles shetland. Pour l’âne, il va falloir que votre pré ressemble au désert de Namibie : sec et… désertique. Pas forcément facile à faire en soi dans notre terroir mais cela devient carrément schizophrénique lorsqu’on cherche à réaliser les vertes prairies de Normandie et le désert de Namibie, sur la même parcelle.

Lorsque la différence entre les chevaux n’est pas trop importante, il est possible de gérer la parcelle pour le cheval de moins exigeant en termes nutritionnels et de compléter pour celui qui a besoin de plus via des repas. Mais d’ores et déjà, cela signifie obligatoirement qu’il faut séparer les chevaux une ou souvent plusieurs fois par jour et pendant un temps conséquent et suffisant pour que le plus exigeant ait le temps de manger sa ration. En outre, cela augmente le coût de l’alimentation puisque la pâture ne fournit plus la majeure partie voire la quasi totalité des apports alimentaires.

C’est le cas lorsqu’on a ensemble des chevaux adultes de format et de travail différents, tant qu’on n’a pas un cheval de haut niveau. En effet, dans ce cas, on peut avoir une pâture déjà assez productive à la base.
Par contre, dans le cas de figure d’un cheval au travail quotidien et d’un âne, on est déjà sur un système nettement plus tendu, puisque la présence de l’âne fait que la pâture doit être très pauvre.

Dans ce cas, la pâture ne saurait couvrir les besoins du cheval, mais pire, elle ne peut couvrir ses besoins en fourrage. Cela veut donc dire qu’il faut non seulement apporter un surplus alimentaire mais que celui-ci doit contenir une part importante de fourrages ou de succédanés de fourrage.

La solution est parfois de parquer le ou les animaux moins exigeants dans une petite surface… s’ils respectent les clôtures. Il reste alors des interactions mais forcément elles sont limitées.

Il est aussi parfois possible de les séparer la nuit et d’en profiter pour amener du foin aux chevaux exigeants. Cela signifie un travail supplémentaire puisqu’on est en général à 2 repas par jour + une séparation de nuit.

Il peut être tentant d’amener un aliment fibreux au cheval. La plupart du temps, c’est cependant insuffisant pour compenser la quasi absence d’herbe.

Sinon, il est possible d’apporter des succédanés de foin qui sont en fait du fourrage comprimé. Cela a plusieurs conséquences :

- Effectivement, vous augmentez votre apport en cellulose donc sur ce point votre ration est correcte.

- Les temps de mastication même s’ils sont plus importants qu’avec un aliment concentré normal n’ont rien à voir avec ceux que vous auriez avec un foin. La production de salive est donc moindre. La tranquillisation du cheval comme la prévention des ulcères est donc moins bien assurée.

- Si vous souhaitez remplacer 5 kg de foin avec ces produits, il faudra grosso modo 5 kg de produit. Le budget est donc conséquent

- Le temps pris pour les repas s’allonge considérablement ce qui impose de la part du soigneur de rester à chaque fois sur place pendant une période importante. Évidemment, on est généralement obligé avec ce système de passer à 3 repas par jour.

Ces constatations expliquent que dans les élevages, on ait souvent tendance à faire des groupes de chevaux qui peuvent assez facilement se manager sur une base commune.

Mais pour le propriétaire ou pour la petite pension, cela peut se révéler impossible et vite tourner à la quadrature du cercle.

Catherine Kaeffer

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Poney et cheval dans le même pré. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

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