Quel pré idéal pour un âne ?
Comme chacun le sait, un âne ce n’est pas seulement une sorte de cheval à longues oreilles même si le sobriquet « longues oreilles » (LO pour les intimes) est souvent donné aux ânes et aux hybrides (mulets et bardots).
Non, un âne, c’est un animal avec sa physiologie propre.
Et en matière de pré, loger un âne, ce n’est pas loger un poney et encore moins un cheval.
Car un pré, c’est à la fois un espace de vie et de jeux mais c’est aussi un garde-manger, une chambre à coucher etc.
Si on regarde l’aspect « garde-manger » :
Si on rapporte aux 100 kg de poids vif, un âne a besoin de 20 % de moins d’énergie qu’un cheval. Il ne faut pas oublier que ce sont des animaux originaires de milieux désertiques.
Donc l’herbe luxuriante de Normandie ne lui conviendra pas. Soit vous êtes dans une région chaude et sèche avec des productions d’herbe à l’hectare très faibles et cela peut convenir, soit vous êtes dans une région herbagère et dans ce cas, l’âne soit être mis sur une surface d’herbe rase.
Évidemment, c’est valable pour l’adulte, pas pour le jeune ânon ou pour l’ânesse allaitante ou bien s’il travaille toute la journée.
Petit aparté : si un pré « normal » est déjà trop énergétique pour l’âne, inutile d’y ajouter carottes, pain, pommes, son, voire granulés pour chevaux. Cela ne ferait qu’aggraver la situation et le conduirait tout droit à l’obésité ou à la fourbure… ou les deux.
L’apport de foin ne se justifie que l’hiver lorsqu’il n’y a plus rien du tout à manger. La plupart du temps, il convient de le donner en quantité limitée et non à volonté. Un gros round mis à disposition est donc tout à fait classique pour des chevaux mais cela convient mal aux ânes qui d’année en année grossiront inexorablement.
L’enrubanné est quasiment à proscrire puisque l’on a alors deux contraintes qui s’opposent : le round entier doit être consommé dans les 4 jours après ouverture et d’autre part, les quantités à distribuer sont souvent plus faibles que pour le foin, l’enrubanné étant souvent fait avec une herbe plus jeune.
A noter qu’on dit que l’âne valorise bien les fourrages pauvres. Pauvres en énergie certes mais pas mal conservés, pourris ou poussiéreux.
Évidemment, il faudra à l’âne une pierre à sel tout ce qu’il y a de plus simple et d’autre part, un apport de minéraux. En effet, on dit l’âne rustique. Il est vrai qu’il a été sélectionné dans des zones où l’herbe est rare mais par contre, ce ne sont pas forcément des zones pauvres en minéraux. Et donc ses besoins sur ce plan sont très comparables à ceux d’un cheval.
Si on regarde l’aspect « chambre à coucher » :
L’âne a besoin d’un abri, naturel ou artificiel mais le plus important c’est qu’il soit bien sec. En effet, ce qu’il va le plus craindre c’est bien l’humidité.
La meilleure litière pour lui est donc bien la paille, sèche et propre, qui présente en outre l’avantage de complémenter le foin trop riche et limité pour finalement faire avec lui un fourrage pauvre qu’on a du mal à trouver dans nos contrées.
Il est donc important que le sol de l’abri soit surélevé et qu’une zone importante du pré ne soit pas boueuse pour éviter notamment les problèmes de pieds et de poils.
De ce fait un terrain en pente, bien caillouteux et bien drainant, un sous-bois bien sec seront préférables pour lui à un terrain plat et argileux ou à un espace simplement clôturé au milieu d’une grande plaine.
Il faut éviter aussi les amoncellements de boue devant l’abreuvoir.
Au niveau de l’emplacement, c’est vrai que les ânes aiment la compagnie et donc que le passage les distrait. Mais cela pose quelques problèmes notamment parce que les passants ont parfois tendance, surtout si l’âne est sympa, à donner à manger tout et vraiment n’importe quoi.
En outre, si votre âne a un pré convenable… pour un âne, vous risquez toujours qu’une personne ayant plus de cœur que de connaissances, ne s’insurge contre de telles conditions de vie et vienne lui donner des gâteries en catimini… voire prévienne la gendarmerie puisque ce pauvre animal n’a vraiment rien à manger.
Sachant que pour peu que votre âne ne soit pas obèse, il sera qualifié de maigre par les personnes plus accoutumées à la morphologie des poneys qu’à celle des LO.
Catherine Kaeffer
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