La digestion microbienne dans le gros intestin du cheval
La digestion de la cellulose intervient dans le gros intestin car il héberge une flore microbienne qui est capable, elle, de synthétiser de la cellulase. Donc, ce n’est pas le cheval qui la digère sensu stricto mais des microorganismes qui le font pour lui. Tout se passe comme dans un gros fermenteur dans lequel protozoaires et bactéries se multiplient. Ces microorganismes forment une flore, un écosystème. Techniques d'élevage fait le point.
Lorsque l’animal consomme un régime uniforme, il s’établit après une phase d’adaptation, une population microbienne de composition relativement constante. Cet état d’équilibre est cependant assez fragile. Il peut être modifié par exemple simplement par le nombre de repas par jour.
Pour vivre, ces bactéries doivent avoir de quoi manger. Elles le trouvent dans le contenu digestif qui arrive dans le gros intestin. Principalement, il leur faut de l'énergie et de l'azote. Les bactéries ont deux sources d'énergie possibles : la cellulose et éventuellement l'amidon car je rappelle que les lipides et les sucres simples sont absorbés dès l'intestin grêle. La cellulose n'étant pas dégradée avant, elle arrive dans le gros intestin. Les bactéries la dégradent en produisant des acides gras volatils avec libération de gaz et de chaleur. C'est pour cela qu'on dit classiquement que le fait de donner un régime à base de foin « chauffe » le cheval en hiver.
Le régime alimentaire détermine aussi la composition de la population microbienne par l’intermédiaire de la quantité et de la nature des substrats fermentescibles qu’il apporte et par les conditions de milieu qu’il crée dans le tube digestif (surtout le pH). C’est dire si un événement comme la mise à l’herbe qui modifie la composition de la ration, son volume et amène de la nourriture quasiment en continu au lieu de repas, affecte de façon importante la flore microbienne. Il est donc primordial que la transition soit progressive, 10 jours au moins pour que l’équilibre se rétablisse.
Prenons le cas de l’amidon, présent dans les céréales. Si la quantité par repas est raisonnable, il sera en quasi totalité digéré grâce à l’amylase. Mais si elle est trop importante, elle dépassera les capacités de l’amylase et se retrouvera dans le gros intestin. Elle sera alors dégradée par les micro-organismes avec de fortes pertes énergétiques et une production de gaz. En faible quantité, ce n’est pas très grave. Mais, une arrivée massive ou intempestive peut provoquer des perturbations de l’équilibre de la flore extrêmement néfastes à la santé du cheval. En effet, les bactéries cellulolytiques ne sont pas adaptées pour dégrader cet amidon et elles meurent en grand nombre. Leur mort libère des toxines. C'est le fameux « dysmicrobisme », le préfixe dys indiquant que quelque chose ne se passe pas normalement – dys-fonctionne. Cette mort massive des bactéries et le relargage d'une quantité importante de toxines est la cause de coliques ou de fourbures. Le cheval est malade de la mort de ses bactéries !
Si les bactéries meurent pour d'autres raisons, le même phénomène se produit. C'est pour cela que certains antibiotiques sont déconseillés chez le cheval... ils détruisent les bactéries du tube digestif et le cheval paie les pots cassés.
Le cheval est donc un animal très particulier sur le plan digestif. Si vous avez un animal de sport, nourri avec une part importante d’aliment concentré, distribué de façon fractionnée, il aura une digestion proche de la nôtre ou de celle du porc, c’est-à-dire principalement par voie enzymatique.
Par contre, si vous avez un animal nourri essentiellement avec de l’herbe ou du fourrage, donc avec un taux de cellulose élevé, son mode de digestion principal se rapprochera de celui de la vache qui dans sa panse, héberge une flore très comparable.
Ce phénomène d’adaptation qui lui permet de s’adapter à des environnements différents doit être pris en compte dans l’alimentation de nos compagnons.
Catherine KAEFFER
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MAJ juin 2024