Alimenter un cheval PSSM : 2. L’aliment concentré

Publié le par Catherine Kaeffer. Alpha et Omega

Un cheval PSSM est un cheval qui accumule de façon anormale les sucres dans son muscle ce qui provoque des douleurs musculaires allant de la simple gêne à la contracture généralisée.

Il est possible de limiter cette accumulation en jouant sur l’alimentation. En effet, moins vous permettrez à l’organisme de produire des sucres simples, moins vous lui donnerez l’occasion de les stocker.

Une fois considéré le problème du choix du fourrage dans un précédent article, la question se pose de savoir si c’est suffisant pour couvrir les besoins énergétiques et protéiques du cheval. Si oui, parfait, vous pouvez passer directement à l’article suivant sur le CMV. Mais si c’est non, si les besoins sont trop importants pour être couverts par le fourrage seul, il faut y ajouter un aliment concentré.

Le problème que vous allez avoir est qu’il faut un aliment concentré qui ne vous apporte que peu de sucres.

Il y a trois façons d’apporter de l’énergie à un cheval : les fibres, les lipides et les glucides.

Les fibres, vous faites déjà le plein avec votre fourrage que vous donnez à volonté. Donc toute fibre venant en plus viendra en déduction de la fibre de votre fourrage, pas en sus.

Les glucides, vous n’avez pas le droit.

Il ne vous reste que la voie des lipides. Mais évidemment, l’huile, vous ne pouvez pas la donner à boire à votre cheval. C’est pour cela que les fabricants pour faire un aliment sans amidon, prennent un support fibres auquel ils associent des lipides sous une forme ou une autre.

En alimentation maison, vous pouvez faire pareil.

À noter que l’huile apporte de l’énergie mais aucune protéine. Si votre fourrage est suffisant sur ce point parce que vous avez affaire à un cheval adulte non reproducteur et qui travaille peu, pas de problème, vous pouvez le mettre sur un support fibre tel un succédané de foin. Par contre, dans certains cas, il faudra ajouter un complément protéique.

En gros, vous avez le droit à : huiles, tourteau de soja ou de lin, pulpe de betterave, graine de soja, de tournesol ou de lin, luzerne.

Vous n’avez pas le droit à : Céréales, riz, son de blé ou de riz (même désamidonné), manioc, patate douce, graines de sorgho, pois, féverole, tourteau de maïs…

Cela peut paraître large mais de fait arriver à équilibrer correctement une ration avec ces limitations notamment éviter l’apport excessif en calcium ce n’est pas toujours simple.

Il existe sur le marché des aliments spécifiques à teneur en amidon réduite. Ils peuvent être utilisés avec des chevaux moyennement malades. Pour les chevaux très atteints, il faut vérifier la teneur en amidon qui n’est généralement pas nulle. Dans ce cas, le passage à une alimentation maison est souvent la meilleure solution.

À noter que comme dit plus haut sur une bonne partie de ces aliments, il faut compter un taux de substitution si vous avez un foin à volonté de bonne qualité par ailleurs. Un exemple chiffré pour être plus claire.

Si nous prenons trois aliments bien connus sur le marché et dont l’argumentaire commercial est très proche, nous avons les caractéristiques suivantes :

Aliment 1 : apport d’énergie = 0,62 UFC ; apport de cellulose (fibres) = 24.1 % ; apport de matières grasses = 4.8 %

Aliment 2 : apport d’énergie = 0,82 UFC ; apport de cellulose (fibres) = 15.7 % ; apports de matières grasses = 9,5 %

Aliment 3 : apport d’énergie = 0,40 UFC ; apport de cellulose (fibres) = 27. % ; apports de matières grasses = 2,4 %

On constate tout de suite que l’aliment 1 apporte 0,2 UFC de moins au kg. On serait tenté de dire qu’on va en mettre un peu plus et qu’on obtiendra alors le même résultat qu’avec l’aliment 2.

Et bien non.

Parce que l’aliment 1 apporte son énergie essentiellement par les fibres et avec un apport de matières grasses un peu augmenté mais sans plus. Si vous êtes limité dans la quantité de foin que vous distribuez, cela peut être intéressant. Mais si vous avez un foin à volonté, alors, les fibres de l’aliment 1 viendront en déduction de l’ingestion de foin et votre plus sera essentiellement celui des matières grasses… autrement dit lorsque vous apportez 1 kg d’aliment 1, vous n’aurez pas 0,62 UFC mais peut-être seulement la moitié.

Par contre, si vous partez sur l’aliment 2, vous apporterez une petite part de fibres mais beaucoup de matières grasses. Lorsque vous le donnerez derrière un foin à volonté, non seulement vous partez sur une base théorique de 0,82 UFC au kg mais en plus la décote sera moins importante puisque la majeure partie de l’énergie est apportée via les lipides.

Par contre, l’aliment 2 est bien un aliment à donner derrière un fourrage et ne peut en aucun cas, prétendre le remplacer même partiellement.

Et ne parlons pas de l’aliment 3 qui lui est simplement un foin d’excellente qualité conditionné et qui mis derrière votre foin local donné à volonté, ne vous apportera pas grand-chose.

Dans un prochain article nous regarderons le problème du complément minéral vitaminé.  

Catherine Kaeffer

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