Onchocerca : un parasite équin méconnu
Peu diagnostiquée en France, l’onchocercose est une parasitose aux formes multiples, causée par Onchocerca spp et transmise par les culicoïdes.
Onchocerca, c’est une famille qui regroupe des espèces de nématodes qui ont tous une action sur le système immunitaire. Ils l’affaiblissent à leur profit mais également au profit des bactéries et des autres parasites du corps de l’équidé.
Ne le cherchez pas dans les crottins, Onchocerca ne s’y retrouve jamais.
Il existe trois principaux types d’onchocercose qui atteignent les équidés, des variantes sont possibles, notamment oculaires.
Tout commence avec un culicoïde qui se pose sur un équidé. Le piquant, il va créer une brèche dans la peau et aider ainsi une larve d’Onchocerca cervicalis ou Onchocerca reticulata à entrer. Avec ces quelques micromètres de diamètre et sa longueur d’environ 0,3 mmn, elle passe inaperçue.
Une fois dans le derme, la larve se développe et c’est là que les deux espèces prennent des chemins différents.
Onchocerca reticulata donne une pathologie spécifique au ligament suspenseur du boulet qu’elle rejoint rapidement. L’onchocercose du ligament suspenseur du boulet atteint généralement les antérieurs, mais une atteinte des postérieurs est possible.
Elle se caractérise par une déformation de l’arrière du canon, un œdème douloureux, un épaississement du ligament sous la forme de « petites boules »… l’étendue des symptômes est variable selon le degré d’infestation et seule une échographie attentive permet de déceler les parasites sous la forme de « paquets de fils ». Car si les adultes femelles peuvent atteindre 80 cm de long, elles restent fines avec un diamètre inférieur à 0,5 mm.
Les adultes se reproduisent et donnent des « mini-larves » qui sont ingérées par les culicoïdes au moment du repas sanguin.
Onchocerca cervicalis commence par migrer dans le derme et fait des dégâts là où on l’a déposé. Cette première partie de son développement est connue sous le nom d’onchocercose cutanée et ressemble à s’y méprendre à la DERE (dermatite estivale récidivante équine). On retrouve des zones dépilées, parfois un peu rouge et qui démangent plus ou moins selon l’évolution du parasite. En effet, celui-ci ne gratte que lorsqu’il s’arrête, dès qu’il repart, la démangeaison cesse. Si bien qu’on a une dermatite qui est liée aux culicoïdes et qui affecte la tête, l’encolure, le thorax et la ligne inférieure du corps. Elle se résout spontanément en hiver et reprend au printemps.
Une fois les larves grandes, elles migrent vers le ligament cervical et donnent l’onchocercose ligamentaire cervicale. Les adultes se logent dans le ligament, ce qui entraîne des gênes dans la locomotion, des douleurs dans l'encolure ou au niveau du garrot.
Les adultes se reproduisent alors et donnent des mini-larves qui passent dans la lymphe et atteignent ainsi la peau ou les yeux. Elles se développent alors là où elles sont arrivées ou elles sont ingérées par un culicoïde qui les transporte vers un autre équidé.
Les symptômes parfois discrets ou semblables à ceux de d’autres pathologies, ainsi qu’une détection faible lors des examens de routine, font que le nombre d’équidés diagnostiqués reste infime au regard du nombre d’équidés infestés.
Un traitement vermifuge à base d’ivermectine permet de tuer les larves d'Onchocerca.
Attention cependant, car la mortalité massive des larves peut être à l’origine de démangeaisons importantes ou de chocs potentiellement mortels.
Ce traitement pouvant être réalisé "par erreur" quand on vermifuge l'équidé, une réaction cutanée ou généralisée anormale au vermifuge devra faire penser à une parasitose cutanée. De même, une dermatite qui s'améliore après un vermifuge devra mener à se poser des questions sur une éventuelle parasitose.
Il existe des cas de résistances liés à l'utilisation abusive d'ivermectine.
Les adultes d’Onchocerca ne peuvent être éliminés avec les traitements actuellement disponibles et peuvent vivre jusqu’à 14 ans au sein de l’équidé et s’y reproduire.
La prévention reste donc la meilleure méthode à ce jour. En cas d’infestation connue, l’équidé devra être placé en dehors de toute zone présentant des culicoïdes afin de ne pas contaminer les autres. Les équidés infestés étant peu souvent diagnostiqués, la lutte contre les culicoïdes est importante pour limiter les risques de contamination.
Anne ANTA
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