Impact du confinement : le cheval de sport mis au pré

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Omega

Du fait du confinement, certains chevaux ont été subitement mis au pré H24 alors que leur environnement habituel en cette saison était plutôt le box avec des sorties à la demie journée ou à la journée en paddock. Ce dispositif a été adopté pour nombre de chevaux de club afin de limiter l’intervention humaine et donc les risques de contamination.

Il présente l’avantage de permettre aux chevaux de se défouler, de vivre cette période de confinement comme de vraies vacances, de s’aérer l’esprit. Bref, on pourrait dire que tout est pour le mieux.

Mais là encore on peut avoir quelques difficultés d’adaptation pour certains chevaux car il n’est pas évident de passer d’un jour à l’autre à un travail de 2 heures par jour niveau galop 7, avec des stages de préparation et éventuellement des sorties en concours à… rien. Cela implique aussi une baisse drastique des besoins même si un cheval musclé, même s’il ne travaille pas, aura toujours une dépense énergétique supérieure à celle d’un cheval qui ne travaille pas ou occasionnellement de façon habituelle.

Et puis, il fait encore assez froid la nuit dans certaines régions et le cheval devra s’adapter aux températures nocturnes.

Au niveau alimentaire cela impose de passer d’un régime où la part d’aliment concentré peut s’élever à près de 30-40 % à un régime où l’herbe et le foin devront couvrir la totalité des besoins. A noter qu’autant le fait d’apporter de l’eau aux chevaux est reconnu comme un besoin vital autant certains propriétaires ont eu des soucis lors de leurs déplacements pour alimenter leurs chevaux car il leur était argumenté que les chevaux au pré avaient à manger.

Oui, certes, si vous avez de l’herbe mais ce n’est pas toujours suffisant. D’autre part, cela impose de faire passer le cheval, sans aucune transition d’un régime amylacé à un régime riche en cellulose ce qui sur les grands modèles se traduira logiquement par une perte d’état qu’il faudra rattraper lors du retour à la normale.

Et évidemment, comme pour le cheval au box, l’utilisation d’un complément minéral vitaminé deviendra indispensable alors qu’il ne l’était peut-être pas avant.

A noter aussi un problème comportemental. Votre cheval avait une activité intense, riche et variée. Souvent aujourd’hui, on considère ce travail comme une vie où le cheval doit supporter des cavaliers inconséquents, donc la version du travail un peu débilitante. Mais le travail peut être vécu aussi par les chevaux, comme un challenge, une occasion de se dépasser, d’obtenir une satisfaction personnelle. Un cheval peut aimer partir en randonnée pour aller voir ce qu’il y a derrière la colline comme son cavalier.

Il y a aussi le cas, chez les chevaux comme chez les humains où après des années d’une vie rythmée par les temps de travail et de repos, la routine de tous les jours, le fait de se retrouver sans aucun rythme peut générer un sentiment de vide et paradoxalement non une possibilité de repos mais un stress. On voit des humains déprimés et anxieux suite au confinement. On voit des chevaux anxieux ou dépressifs quand on les met au pré sans aucune transition comme cela fut le cas en cet épisode exceptionnel.

D’autant que la distanciation sociale qui minimise les contacts entre les personnes et les échanges, entraîne aussi pour certains chevaux, le fait qu’ils reçoivent moins de visites, que les gamins ne viennent plus les voir pour leur faire une gratouille, que leur propriétaire même ne leur rend plus visite….

Catherine Kaeffer

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Cheval au pré. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

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