Foin de Moha pour les chevaux, Qu’en penser ?
Actuellement, de plus en plus de personnes se voient proposer du foin de Moha pour leurs chevaux et se posent des questions quant à son utilisation. Techniques d'élevage fait le point.
Le foin de Moha est présenté comme une culture innovante mais de fait, en 1914, dans le « Génie Rural », est relatée l’utilisation sur la Ferme Expérimentale de Néoculture du Sud Est à Villardonnel (Aude), de Moha de Hongrie (Panicum Germanicum) en culture pure. À noter que pour la plupart des auteurs, le Moha est plutôt appelé Setaria Italica et qu’il en existe 2 sortes, celui de Hongrie dont l’épi est teinté de bleu, le plus fréquemment cultivé et celui de Californie dont l’épi reste vert.
Il a trouvé un regain d’intérêt parce que c’est une plante très résistante à la sécheresse et qui peut se cultiver en culture dérobée. Il est donc intéressant pour donner un fourrage rapidement (cycle de végétation de 70 à 90 jours). C’est une plante annuelle exploitée en une seule coupe car il ne repousse pas. Il est néanmoins possible en faisant une coupe précoce, avant la formation de l’épi d’avoir une repousse qui peut être pâturée par des ovins.
Le fanage est facile et les foins obtenus sont souples tout en restant d’une belle couleur verte. Cependant, en fonction du stade de récolte, certains auteurs mentionnent des difficultés au fanage.
Les expériences de 1914 montrent que les chevaux rustiques, les mulets et les bovins consomment bien le moha vert ou sec. A priori, on n’a pas de risques d’intoxication comme avec le sorgho fourrager mais il est souvent conseillé de ne pas exploiter la plante à moins de 60 cm de hauteur. Certains auteurs signalent un risque de météorisation chez les bovins.
La plante est appétente si elle est fauchée avant épiaison mais du fait de son évolution rapide, si elle est fauchée à épiaison voire pleine épiaison, elle devient beaucoup moins bien acceptée.
Au niveau de la valeur alimentaire, c’est là où le bât blesse. Les données sont parcellaires, souvent données pour des bovins pour les plus récentes. La période d’exploitation de la plante est courte et l’évolution de la composition en fonction du stade rapide. Comme ce sont des plantes peu sélectionnées, il peut y avoir des variations de composition entre provenances.
On peut estimer en foin que la composition chimique exprimée par rapport à la matière brute sera et les valeurs nutritionnelles pour le cheval seront pour un moha en culture pure aux alentours de :
Fauche avant épiaison (kg brut) : 86 % MS, 10,5 MAT, 2,2 % de MG, 29 % CB, 6.4 % MM, soit une valeur estimée de 0,33 UFC et 55 g MADC.
Fauche à épiaison : (kg brut) : 86 % MS, 7,3 MAT, 27,7 % CB, soit une valeur estimée de 0,31 UFC et 33 g MADC.
Souvent pour augmenter l’apport protéique et de diminuer le pourcentage de cellulose, on effectue un mélange avec du trèfle d’Alexandrie. Évidemment dans ce cas, tout dépend du pourcentage de chaque plante à l’arrivée (qui peut être différent celui des graines).
On n’a absolument aucune donnée sur les teneurs en calcium, phosphore et oligo-éléments. De la même façon, on ne sait pas si la plante est riche en oxalates ou pas.
En conclusion, l’utilisation par les chevaux pas trop exigeants est théoriquement possible sous forme de foin. Par contre, comme on ne connait pas la composition chimique il est totalement impossible de savoir si l’utilisation d’un foin de moha en fourrage exclusif peut donner une alimentation équilibrée ou pas et même si elle sera équilibrable ou pas.
L’achat de foin de moha est donc possible pour éviter une pénurie de fourrage en urgence. Si les quantités sont importantes, il convient d’en envoyer un échantillon (avec un échantillonnage correct) à l’analyse pour une analyse complète : matière sèche, protéines, sucres, cellulose brute Wende, calcium, phosphore cuivre, zinc, sélénium, iode, fer. Cela peut étonner que je préconise de faire l’analyse du fer mais j’ai eu avec des graminées « exotiques » de grosses surprises sur cet élément.
À noter que si vous aboutissez à un rapport calcium / phosphore supérieur à 3 avec des teneurs en calcium élevées, alors le fourrage ne sera pas utilisable pour des chevaux sur une période longue. Le risque est à court terme de bloquer l’absorption de certains oligoéléments qui pourraient se retrouver en carences malgré un apport correct. Sur le long terme, cela peut aboutir à ces calculs rénaux.
Si l’agriculteur qui vous fournit refait une culture tous les ans dans les mêmes conditions, il n’est peut-être pas nécessaire de refaire l’analyse à chaque fois en culture pure. Par contre, si vous avez affaire à un mélange, il faudra la refaire tous les ans.
Catherine Kaeffer
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MAJ septembre 2023