Perte de poids, amaigrissement ou fonte musculaire ?

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Oméga

Face à un cheval qui n'est pas en état, il est important de distinguer la perte de poids de la perte d'état, les tissus touchés et les mécanismes en cause pour pouvoir y remédier. Techniques d'élevage fait le point.

Même si les magazines féminins essaient de nous convaincre du contraire, un organisme perd du poids lorsque ses besoins sont supérieurs aux apports. Si, si, je vous assure… Oui, moi aussi cela me navre mais c’est ainsi.

Lorsque je parle apports, je ne parle que de ce que l’animal est capable d’extraire de sa nourriture et d’utiliser.

Ainsi si un composant essentiel est insuffisamment présent dans l’alimentation, l’animal pourra se révéler incapable d’utiliser d’autres composants présents en abondance et les éliminera.

Tout se passera donc comme si cette abondance relative n’existait pas.

Bref, en quantité ou en qualité, et souvent les deux, il n’y a pas assez dans l’assiette. Il faut donc revoir la ration et sauf pathologie, l’animal reprendra du poids.

Question aspect, vous lui comptez les côtes, le garrot est sec, sans graisse, mais les muscles sont bien apparents et le flanc est normal. Bref, pas ou peu de graisse de couverture mais des masses musculaires logiques. Ce n’est que dans les cas relevant de la maltraitance que l’animal pour subsister est obligé de « manger ses muscles » et que vous arrivez à une situation qui fait frémir.

Un des cas classique est celui de la jument allaitante. Comme ses besoins explosent avec la lactation, ce qui convenait avant ne convient plus, même si on en donne "un peu plus". On a alors une perte d'état. On dit souvent que "le poulain tire trop". Ce n'est pas exact. C'est simplement une augmentation brusque des besoins que l'alimentation n'a pas suivi. 

Jument allaitante insuffisamment alimentée. Techniques d'élevage (R). Tous droits réservés

Jument allaitante insuffisamment alimentée. Techniques d'élevage (R). Tous droits réservés

Tout autre chose est l’amaigrissement visuel.

Le cas classique est celui du jeune cheval, super beau et en forme qui fait la fierté de son propriétaire… et à qui on compte les côtes une semaine après.

Visuellement, il a décollé, c’est indéniable. Mais son poids n’a pas bougé voire même a augmenté.

La raison en est simple : la croissance n’est pas un phénomène régulier mais un phénomène par à-coups.

Bref, votre poulain ayant fait quelques réserves, a déclenché une poussée de croissance… et donc a utilisé les dites réserves.

Et une fois transformées en os, en tendons, en muscles, on ne les voit plus !

Evidemment, cela est encore plus criant sur les grandes races.

Rien ne sert de se désoler, il faut simplement attendre quelques temps pour prendre la photo qui fera baver d’envie vos amis.

On peut aussi évoquer le cas du cheval qui mis à l’entraînement brûle sa graisse et synthétise du muscle. Il devient alors plus sec avec des masses musculaires plus denses (et pas forcément beaucoup plus volumineuses).

Nota : Le cheval adulte qui décolle rapidement au niveau du flanc et sans raison, doit faire penser à un problème de déshydratation. Vous verrez aussi souvent dans ce cas les veines devenir plus apparentes.

Une troisième chose bien différente est la fonte musculaire.

L’organisme est en équilibre permanent entre construction et destruction, entre catabolisme et anabolisme.

Si vous avez l’impression que rien ne change, c’est que la destruction et la construction sont d’égale intensité.

D’autres civilisations vous parleraient d’équilibre entre le yin et le yang… c’est à tout prendre la même idée.

Si encore une fois, on exclue la pathologie, le cas typique est celui du cheval âgé.

La baisse du taux et de l’efficacité de l’insuline provoque une diminution de l’anabolisme protidique. En d’autres termes, l’animal a du mal à construire les tissus riches en protéines.

Comme par ailleurs le processus de destruction normal garde la même vitesse qu’avant, l’équilibre est perturbé.

On a une fonte musculaire (amyotrophie). La totalité des grands groupes musculaires est touchée.

La base de la queue, la pointe des hanches, l’épine dorsale et le garrot saillent.

La tête se transforme aussi par amincissement des muscles des joues et creusement des salières.

Cette fonte musculaire ne doit pas être confondue avec une simple perte d’état car elle ne sous-tend pas les mêmes processus.

Mais attention aussi de ne pas mettre sur le compte du métabolisme lié à l'âge, ce qui n'est en fait qu'un souci (souvent dentaire ou ostéo) qui fait que le cheval ne mange plus assez de fourrage. Si on compense ce "manque à manger", le cheval reprendra de l'état malgré son âge. 

Autre cas de fonte musculaire, celle qu'on peut observer sur le cheval qui du fait de douleur, de blessure, n'utilise plus ses muscles ou une partie d'entre eux. Le muscle ne servant plus, il s'atrophie. 

Catherine Kaeffer

Les éditions Alpha et Oméga créées par notre équipe de Techniques d'Elevage
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MAJ juin 2024

Vieux cheval ayant des soucis masticatoires. Techniques d'élevage (R). Tous droits réservés

Vieux cheval ayant des soucis masticatoires. Techniques d'élevage (R). Tous droits réservés

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