Stratégie alimentaire pour un cheval ou d'un poney fourbu : au pâturage et au box

Publié le par Catherine Kaeffer. Editions Alpha et Omega

Avoir un cheval ou un poney qui a déjà fait une fourbure d'origine alimentaire n'est pas une sinécure. Deux points importants pour l'alimenter au mieux :

Il ne doit pas être gros. S'il l'est, il faut le faire maigrir lentement mais sûrement (Faire maigrir un cheval, un poney ou un âne obèse : les bases du raisonnement et l'application pratique).

Il doit ingérer une quantité modérée de fructanes... vous savez, on en a déjà parlé ensemble ici et . En effet, il semblerait que c'est le pâturage, plus encore qu'une quantité exagérée de concentré, qui est la cause aujourd'hui de la majorité des fourbures d'origine alimentaire.

Pour limiter les risques, il faut :

Au pâturage

Gérer les pâtures en rotation en évitant tout sur-pâturage qui sélectionnerait les espèces les plus efficaces... donc celles qui ont la plus grande facilité à stocker des fructanes.

Préférer une fétuque ou un dactyle à un ray-grass. Contrôler si possible les mauvaises herbes. Ne pas faire pâturer des plantes trop jeunes pour éviter de sélectionner les plus productives.

Préférer un pâturage où l'herbe pousse de façon active à un pâturage où l'herbe a une croissance faible ou pire pas de croissance du tout.

Apporter une fertilisation modérée et raisonnée.

Éviter tout pâturage en période froide et ensoleillée. Éviter tout pâturage en période de sécheresse. Attendre une reprise active de la pousse.

Éviter tout pâturage à moins de 6 cm de hauteur. Gérer au stade 15 cm avec une herbe en pousse active. Se méfier de l'herbe morte. Se méfier des plantes trop riches en tiges.

Surtout ne pas mettre le cheval à pâturer juste après la fauche au moment où « il ne reste presque plus rien » car il consommerait le bas des tiges, très riches en fructanes. A moins que l'herbe vienne juste d'épier.

Il est aussi possible de faire porter au cheval un panier pour limiter son ingestion tout en lui permettant de prendre du mouvement. Il faut bien vérifier que cela ne le gène pas pour boire. Et évidemment pour des raisons de digestion, il faut qu'il puisse si possible un peu grappiller tout de même.

Gestion mixte : pâturage – box ou paddock sans herbe

Dans les périodes délicates, mettre le cheval au pré la nuit et le rentrer en début ou en milieu de matinée.

Vous pouvez aussi le mettre dans un paddock dépourvu d'herbe et lui apporter du fourrage.

Gestion au box ou en paddock

Les chevaux seront nourris principalement au foin pour éviter tout problème avec l'amidon.

L'utilisation de foin de légumineuses (luzerne, trèfle) est très controversée. OK, ils contiennent moins de fructanes... mais plus d'amidon. Pas forcément génial d'autant que leur teneur en protéines est importante ce qui ne convient pas aux chevaux qui ont de faibles besoins.

Pour limiter la teneur en fructanes d'un foin « normal » (foin de pré ou de graminées), il est possible de le faire tremper. En effet, les sucres simples et les fructanes sont solubles dans l’eau froide, les fructanes à plus longue chaîne sont solubles dans l’eau chaude.

Après trois heures de trempage dans l'eau froide, les fructanes diminuent de 20 % environ, le maximum est atteint après 12 heures. Cela ne veut pas dire que la mesure sera suffisante mais comme on dit, elle va dans le bon sens !

Le problème c'est qu'il n'y a pas que les fructanes qui s'en vont dans l'eau... il y a aussi d'autres éléments et en particulier des minéraux. Et évidemment, plus cela dure longtemps, plus cela modifie la qualité nutritive du foin.

La durée préconisée le plus souvent est donc 3 heures dans l'eau froide ou 15 à 30 minutes dans l'eau chaude. Mais pour un cheval très sensible, on peut choisir d'accepter les pertes en matière sèche et de passer à 12 heures de trempage.

Il est évident aussi qu'il faut ajuster en conséquence les apports en minéraux et éventuellement en protéines de bonne qualité... tout en gardant, surtout si le cheval est gros, un apport en énergie très modéré.

Petite remarque complémentaire : chez l'homme, les fructanes sont utilisés comme prébiotiques car ils favorisent le développement de la flore intestinale. Chez le cheval, les préprobiotiques proposés sont aussi des oligosaccharides enzymorésistants et microbiodégradables. Je n'ai pas réussi à savoir si ce sont des fructanes ou des molécules très proches. Ce sont donc des substances à utiliser avec précautions pour les chevaux ayant des antécédents de fourbure.

Cette série sur les fructanes est née suite à une remarque de Cante Tinza et à une question d'un randonneur, fidèle lecteur de Techniques d'élevage. Qu'ils en soient tous deux remerciés.

Catherine Kaeffer 

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Chevaux au pâturage. Techniques d'Elevage (R). Tous droits réservés

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