La longe détruit-elle les jarrets des chevaux ?

Publié le par Catherine Kaeffer. Alpha et Oméga

Longer un cheval est une méthode utilisée depuis des siècles. Part intégrante du débourrage, mise en muscle, détente du cheval qu’on ne peut monter.

Aujourd’hui, elle est mise au placard et accusée de détruire les jarrets des chevaux.

Il faut tout d’abord remarquer qu’elle n’est pas enseignée, que pour la majorité de nos cavaliers, longer c’est tourner en rond, éventuellement défouler ou faire travailler un cheval de façon parfaitement assommante comme on enchaîne des séries de pompes.

Cela veut dire qu’on peut arriver à un très bon niveau d’équitation en ayant une vision très vague de ce qu’est le travail à la longe.

Travailler à la longe, c’est travailler sur un cercle… sur des cercles… enfin presque.

La taille du cercle n’est limitée que par la taille de la longe. La longe « normale » me semble déjà bien courte puisqu’elle fait 8 mètres ce qui signifie qu’on fait travailler le cheval sur un cercle de l’ordre de 15 mètres de diamètre (ou un peu plus car le longeur est censé marcher et non rester planté comme un piquet). 15 mètres de diamètre, pour un cheval manégé, c’est tout ce qu’il y a de plus classique en équitation.

Mais il était souvent préconisé de prendre des longes plus longues, de l’ordre de 10-15 mètres. Dans ce cas, le cheval décrit un cercle de 20 mètres de diamètre ce qui ne pose aucun problème particulier même à un cheval vert dans le travail.

Il y a parfois confusion avec la « longe » éthologique qui a en fait une longueur de l’ordre de 3 mètres. Alors là, oui, si on l’utilise pour longer un cheval et non pour le mener, je suis d’accord, ce n’est pas fameux pour les jarrets (à moins que de par sa race et son travail, le dit cheval soit capable de s’équilibrer sur une pièce de monnaie ! Mais avec un jeune pur tout en longueur, c’est délétère). C’est mauvais oui, mais ce n’est pas de la longe au sens classique du terme.

Nous avons fait un article sur l'importance d'agrandir ses cercles en longe

La difficulté c’est que lorsqu’on n’a pas l’habitude de longer, on a le sentiment de ne pas pouvoir contrôler le cheval s’il est loin. Surtout si le cheval en question ne tourne pas comme un métronome.

En fait, c’est une impression fausse. Bien sûr le cheval a plus de latitude pour s’échapper s’il le souhaite, mais vous avez une meilleure vision de ce qu’il fait, de la façon dont il se déplace et surtout, s’il fait un bond de joie, vous avez suffisamment de distance avec lui pour ne pas risquer de vous faire bousculer ou frapper.

Il est d’ailleurs souhaitable de garder en main environ 2-3 mètres de longe de façon à pouvoir laisser filer quand c’est nécessaire pour rattraper après, réinviter le cheval sur le cercle et récupérer tout le monde sans stress.

Le fait qu’on n’enseigne pas la longe a aussi une autre conséquence fâcheuse, la multiplication des ronds de longe. Et entre nous, on se demande à quoi cela sert d’avoir une longe si de toutes façons, le cheval ne peut faire autrement que de suivre la piste, comme un cheval de cirque. D’où le mouvement pour supprimer la longe et travailler en liberté, puisque de toutes façons, elle ne sert plus à rien.

Et comme construire un rond de longe c’est cher, ils sont souvent trop petits.

Et puis moi, dans un rond de longe, je m’ennuie vite. Alors quand mon cheval me dit que cela lui court sur le haricot, je le comprends.

Alors que longer dans un pré, prendre un fossé ou un obstacle, utiliser les pentes, ça c’est plus rigolo. Et même en manège, on peut travailler sur le cercle comme un cheval monté, l’incurvation, les transitions… pas simplement faire des tours et des tours pour se muscler.

Deux autres points sont à mon avis responsables de cette mauvaise image de la longe.

On dit qu’un cheval doit avancer en longe, être actif. On voit donc souvent des chevaux totalement hors de leur rythme avec un longeur qui pousse encore. Or, comme monté, le cheval doit trouver sa cadence, allonger sans précipitation, avoir une tenue du dos correcte. Comme monté, si on pousse un cheval hors de sa cadence, il ne sera plus en mesure de travailler correctement et on aura un cheval qui refuse de s’incurver, se traverse, part la tête en l’air…

La longe demande donc la même rigueur, la même qualité de travail, le même sérieux de la part des deux partenaires. On est loin de la longe « je jette mon feu en désordre » que personnellement je honnis.

D’autre part, en longe, un cheval doit se tenir tout seul. Il ne peut pas s’appuyer sur la main du cavalier. Il doit se porter, se tenir dans un équilibre certes moins difficile à obtenir qu’avec le poids du cavalier ce qui est un avantage pour le jeune cheval, mais un équilibre tout de même. Et il doit le faire sans contrainte forte. Monté on peut faire un demi-arrêt, refaire passer le cheval derrière. Mais en longe on peut simplement inciter le cheval à le faire.

Dans ce contexte, le travail en longe est un travail collaboratif et de responsabilisation du cheval. C’est donc une éducation. Un cheval qui n’a jamais travaillé en longe a souvent du mal à le faire. Il doit comme tout autre exercice apprendre les règles du jeu et comment le travail doit être fait.

En conclusion, je dirais que pour moi, ce n’est pas la longe en tant qu’outil ou que pratique qui est mauvaise pour les jarrets d’un cheval, c’est des demandes irrationnelles ou inadaptées qui provoquent des dégâts… et cela quel que soit le travail : monté, en liberté, en longe ou que sais-je.

Catherine Kaeffer

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Cheval en longe sur un grand cercle. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

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