Faire adopter un poulain orphelin : importance du poids de la mère adoptive

Publié le par Catherine Kaeffer. Alpha & Oméga

En cette saison de poulinage, il arrive malheureusement que des juments décèdent ou qu’elles ne puissent pas allaiter leur poulain pour une raison ou une autre. Dans ce cas, on est bien content si on arrive à trouver une mère de substitution qui accepte d’élever le poulain orphelin.

Il peut s’agir d’une jument qui pour une raison ou une autre a perdu son propre poulain. C’est le cas le plus fréquent. Il peut aussi parfois s’agir d’une jument sur laquelle on a fait une induction de lactation.

L’adoption est quelque chose de délicat et de stressant pour tout le monde, éleveur, poulain et parfois pour la jument aussi. Mais l’élevage au biberon est très lourd et que ce soit sur un plan nutritionnel ou pour la sociabilisation du poulain, la mère équine est préférable à la mère humaine.

Donc les premiers jours c’est une course contre la montre, entre la naissance, les tentatives pour essayer d’installer une lactation normale, la constatation de la défaillance de la mère biologique, l’absorption malgré tout d’un volume suffisant de colostrum, les interventions du vétérinaire, les soins à la mère biologique, la recherche en urgence d’une mère de substitution, la mise en place d’un accord avec son propriétaire, le biberonnage en attendant, le transport soit de la mère adoptive soit du poulain et les tentatives, souvent nombreuses, toujours stressantes et parfois non couronnées de succès pour que la mère adopte le poulain….

Alors quand c’est fait, on respire !

Dans l’urgence, on a fait au mieux avec ce qui était possible.

Une fois l’urgence passée et le calme revenu, il convient de considérer un point qui est souvent négligé : la différence éventuelle de format entre la mère biologique et la mère adoptive. Je dirais même plus, la différence entre le format de la mère adoptive et le format adulte du poulain.

En effet, si on oublie les variations individuelles, la production laitière de la mère, surtout pendant les premiers mois de lactation est directement liée à son poids : 6-7 litres de lait par jour au pic de lactation pour une ponette shetland, une Connemara va monter à 13 litres par jour, la petite arabe de 450 kg sera à 15, la grande KWPN à 20 et la jument percheronne peut monter à 28 litres de lait.

C’est normal, plus la jument est grande plus son poulain le sera et plus il le sera plus il aura des besoins de croissance élevés.

Donc si votre orphelin est adopté par une nourrice ayant grosso modo le gabarit de sa mère, aucun problème.

S’il est adopté par une jument qui est nettement plus grande par exemple, un poulain arabe adopté par une mère KWPN, deux types de problèmes peuvent se poser : une inflammation de la mamelle de la jument qui n’arrive pas à « écouler » le lait qu’elle produit ou bien un poulain qui est trop nourri. Tout dépend alors des qualités laitières de la nourrice. Si elles sont moyennes avec une lactation qui a peu de persistance, comme la tétée sera moins intense, elle produira petit à petit moins et après une période de surveillance tout rentrera dans l’ordre.

Le piège est dans le cas où le poulain est adopté par une mère plus petite que sa mère biologique et que son potentiel de croissance à lui. Dans ce cas, il ne va pas avoir assez. Certaines juments très bonnes laitières vont augmenter un peu leur production mais si la différence de poids est suffisamment importante, cela ne comblera pas totalement la différence.

Comme l’adoption se fait dans les premiers jours de la vie, le poulain se retrouvera en restriction énergétique, protéique et minérale, dès son plus jeune âge. Dans ce cas, les mécanismes de survie vont jouer à plein et il limitera sa croissance pour s’adapter.

Évidemment, si la différence de taille est très importante, par exemple une ponette qui adopte un poulain de selle, on ne passera pas à côté de ce problème même si souvent on a tendance à penser plus au fait que le poulain aura du mal à trouver la mamelle très basse pour lui.

Mais imaginez un poulain KWPN adopté par une jument Camargue, ou bien, moins évident encore, un poulain percheron adopté par une jument comtoise ou une grande jument de selle aussi grande que la mère biologique du poulain mais nettement moins lourde. Dans ces deux cas, la différence entre les poids adultes du poulain et de la mère adoptive sont non négligeables. On peut l’estimer à 30 %. Cela engendre une différence de production laitière d’environ 25 %.

Cela veut donc dire que le poulain aura par sa mère adoptive 75 à 80 % de ses besoins. Il sera donc en pleine santé, vif et sans problème puisque à ces niveaux de restriction sur une alimentation par ailleurs bien équilibrée, les mécanismes de compensation sont efficaces.

Efficaces oui, car le poulain vivra normalement. Gratuits non, car pour se faire, il va limiter définitivement sa croissance et notamment en hauteur.

Comme beaucoup de problèmes, une fois celui-là détecté, la solution est évidente. Il faut apporter à ce type de poulain, un petit rab, sous forme de lait ou rapidement de granulés lactés, qui correspond à 20 % de ses besoins afin qu’il puisse pleinement exprimer son potentiel génétique.

Catherine Kaeffer

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Poulain et sa mère. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

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