Comment faire boire un cheval en toutes circonstances ?

Publié le par Alpha et Omega. Catherine Kaeffer

La meilleure solution est que les chevaux disposent de l’eau en continu et boivent selon leur envie. Si ce n’est pas le cas, il faut revenir aux vieux principes qui imposent d’abreuver les chevaux avant la distribution des aliments pour éviter les indigestions stomacales. A l’arrivée d’une étape, surtout s’il fait chaud ou que le cheval est assoiffé, il faut lui donner une petite quantité d’eau « dégourdie » c’est-à-dire légèrement tiède. Puis attendre un moment pour lui en donner à nouveau, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il soit bien désaltéré. En effet, l’arrivée dans l’estomac d’une quantité importante d’eau trop froide peut provoquer une congestion et ce qu’on appelle une « colique d’eau ».

On pense souvent à abreuver le cheval à l’arrivée d’une étape, lorsqu’il a beaucoup transpiré ou par forte chaleur. On oublie plus souvent l’abreuvement en cours et à la fin de tout transport, alors que les pertes d’eau par la chaleur ou par les courants d’air peuvent être importantes.

En cas de forte sudation (jusqu’à 10 litres par heure), le cheval ne perd pas que de l’eau, il perd aussi des minéraux et notamment du sel. Dans ce cas tout est une question de rapport entre la perte en eau et la perte de minéraux, car c’est lui qui détermine à la fois la circulation de l’eau à l’intérieur de l’organisme du cheval et le fait que le cheval va avoir soif ou non.

Sur un cheval qui a transpiré abondamment, la consommation brutale de quantités massives d’eau pure va compenser la perte d’eau mais pas la perte de minéraux, entraînant des coliques par déséquilibre entre l’eau et les minéraux (coliques hydro-minéraux ou hydro-électrolytiques). De là vient l’habitude de saler légèrement l’eau donnée juste après un effort.

Dans certains cas, pour des raisons de régularisation des pressions osmotiques entre l’intérieur des cellules et le sang, si les pertes en minéraux sont supérieures aux pertes en eau, le cheval n’aura pas soif et dégainera l’eau que vous lui présentez alors qu’il est réellement déshydraté. On ne peut donc pas considérer que le fait qu’un cheval refuse l’eau prouve qu’il n’en a pas besoin.

Tout ceci est régulé par la concentration en sodium dans le sang. Donc afin de réhydrater correctement, il faut apporter des minéraux pour compenser en douceur les pertes et donner le temps pour l'eau de s’équilibrer dans l’ensemble de l’organisme. Tout est une question de dosage :  il faut assez de minéraux pour que l'animal boive la quantité d'eau perdue mais pas trop. Ainsi, un cheval qui perd 20 litres de sueur va boire maximum 13 litres d'eau pure donc un peu plus de la moitié de ses besoins réels. Par contre, avec l'eau isotonique (à une concentration à 9 pour mille de sodium ce qui donne un goût très légèrement salé), le cheval va boire environ 23 litres et donc sera bien réhydraté. Cependant, il faut évidemment que le cheval y ait été habitué avant.

Une autre solution pour réhydrater un cheval consiste à lui proposer une boisson appétente et familière. Certains chevaux sont délicats pour le goût de l’eau et notamment peuvent refuser une eau au goût inhabituel ou limiter de façon plus insidieuse leur consommation au strict minimum. On peut suspecter ce type de comportement dans le cas du cheval qui a un flanc qui se creuse lors de la randonnée et qui quelques heures après être revenu au bercail, est de nouveau normal. Pour ces chevaux, le fait de les habituer à la maison à une eau avec un additif quelconque permet de masquer le goût de l’eau à l’étape et de maintenir un bon abreuvement. On peut parfois de cette façon obtenir des améliorations du niveau résistance à la fatigue.

La réalisation d’un mash voire d’un barbottage force un peu l’abreuvement. Le mash traditionnel est une présentation plus ou moins pâteuse et cuite. La version moderne se contente d’eau chaude sur une préparation toute prête mais dans les deux cas, on modifie et en général on diminue (mais certains produits font l’inverse) les apports nutritifs ce qui n’est pas forcément souhaitable. Le barbotage se présente sous forme quasi liquide et peut être réalisé en ajoutant une quantité assez importante d’eau à la ration habituelle. Cela permet d’apporter de l’eau à un cheval qui n’a pas soif mais qui est déshydraté. Dans ce cas, cet apport en eau n’est pas compensé par une diminution de la consommation d’eau de boisson et est donc tout bénéfice pour le cheval.

Au-delà de la quantité, la qualité de l’eau est un point à surveiller particulièrement : une eau propre, sans contaminants et sans teneur anormale en minéraux (notamment pas d’eau de mer ou saumâtre et attention à l’eau supplémentée en fluor). Une mauvaise qualité de l’eau est une cause de pathologies à laquelle on pense peu. Elle peut provenir d’une accumulation de matières fécales ou de restes d’aliments dans l’abreuvoir (certains chevaux sont spécialistes !), d’une insuffisance de nettoyage de l’abreuvoir, d’un abreuvoir en mauvais état (genre vieux fond de bidon avec restes de peinture qui avec le temps s’écaille), d’un animal mort au fond de l’abreuvoir (on ne le voit pas toujours)… Pour l’eau des puits, il peut être nécessaire de la faire reposer quelques heures pour la reoxygéner avec de la distribuer.

Pour l’eau ne provenant pas du réseau public, donc garantie potable au départ, on peut citer la présence de contaminants (épandage d’engrais, de pesticides, de boues, de lisiers…) permanents ou temporaires par exemple après une grosse pluie ou de cadavre au niveau du captage, une pollution liée à des travaux, voire un captage " risqué " par exemple de l’eau prélevée directement dans un fleuve (il faut parfois voir certaines installations pour le croire…). Tous ces problèmes débouchent sur des coliques, apparaissant sur des chevaux différents sans logique apparente.

Vous pouvez aussi avoir un problème plus insidieux de mauvais entretien d’un animal. Une eau simplement ancienne, qui a une mauvaise odeur ou simplement une odeur différente peut amener un animal à restreindre sa consommation suffisamment pour avoir de petits problèmes dont on n’arrive pas à trouver la cause. Idem dans le cas où l’accès au point d’eau est désagréable. Attention aussi en stabulation à ce qu’il y ait suffisamment d’abreuvoirs pour que chaque animal puisse se désaltérer en paix et éviter les risques de comportement de dominance. Pour éviter la contamination de l’abreuvoir avec de la nourriture, il peut être efficace de mettre l’abreuvoir assez loin de la mangeoire ou du râtelier à foin. Dans les cas où ce n’est pas possible, mettre une séparation entre les deux de façon à éviter le passage continuel de l’un à l’autre, la « bouche pleine », peut limiter les dégâts.

En hiver, certains vieux chevaux peuvent renâcler à boire de l'eau trop froide pour des raisons de sensibilité au niveau des gencives. Leur proposer régulièrement de l'eau moins froide est une bonne façon de vérifier que la température de l'eau de leur pose pas de problème et d'y remédier si c'est le cas. 

Attention aussi au cheval boiteux, patraque qui va renoncer à boire pour ne pas avoir à marcher ou à se déplacer surtout si, comme c’est souvent le cas, les abords de l’abreuvoir sont boueux ou profonds.

Catherine KAEFFER

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Abreuvoir gelé. Techniques d'élevage. Tous droits réservés

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