Ramasser les crottins : pourquoi et comment ?
Il n’est pas rare de lire qu’il est important de ramasser les crottins pour lutter contre le parasitisme et, notamment, après un vermifuge. Pourtant, selon le moment où on ramasse et la façon de procéder, les résultats ne seront pas les mêmes… Alors, ramasser les crottins : comment le faire ? Pour quelles conséquences ?
Ramasser, c’est contraignant, parfois impossible, et on se prive d’une source naturelle d’enrichissement du sol de la prairie. Du coup, ce crottin, on n’a pas envie de l’enlever « pour rien » ou de le gaspiller.
Et pourtant, si on souhaite avoir un réel impact sur le parasitisme, il faudrait un ramassage quotidien suivi d’une destruction ou d’une utilisation en prenant garde à l’inactivation des parasites.
Autrement dit, on n’utilise pas le crottin pour enrichir la pâture voisine de celle où on a les équidés (ou la leur) avant que le tas de fumier ne soit monté en température pendant suffisamment longtemps (et évidemment on ne prend que la partie du tas qui a chauffé).
On ne stocke pas non plus son fumier dans un coin de la pâture… et on n’oublie pas que certains parasites ont des ailes ou des hôtes intermédiaires et que nos 500 mètres entre le tas de fumier et la pâture, ils en « rigolent ».
Si cette gestion quotidienne vous pose soucis, vous pouvez l’alléger saisonnièrement… en effet, ramasser un crottin en hiver quand il gèle, c’est inutile. Le faire quand il fait chaud et sec, c’est tout aussi inutile : donnez un coup de pied dans le crottin et le soleil (ainsi que les prédateurs naturels) se chargeront de vous décontaminer promptement le site.
Ramasser les crottins pour limiter la contamination parasitaire d’une pâture, c’est utile essentiellement au printemps et en automne, quand il ne fait ni trop chaud, ni trop froid et que l’humidité est propice aux parasites.
Ramasser vous pose un souci en toutes saisons ? Optez pour une gestion de pâture qui limite le développement parasitaire, réalisez des changements réguliers de parcelles et/ou investissez dans un prédateur naturel bien pratique : la poule. Certes, cela ne vous donnera pas un résultat impeccable mais avec des équidés en bonne santé, cela peut suffire pour réduire la pression parasitaire à un niveau acceptable.
Et après un vermifuge ?
On entend souvent qu’il est nécessaire de ramasser les crottins après un vermifuge mais ce n’est pas pour lutter contre le parasitisme… du moins, pas directement.
En effet, on ramasse après un vermifuge pour éliminer les molécules excrétées dans les crottins suite au vermifuge et non pour se prémunir des parasites. Les parasites expulsés par le vermifuge sont soit morts, soit incapables de recontaminer un équidé… mais les molécules du vermifuge peuvent influencer les parasites présents dans la pâture et augmenter le nombre de parasites résistants à ces molécules. De plus, les molécules vermifuges ne sont, en général, pas bonnes pour les consommateurs habituels des crottins (vous savez les petites bêtes qui les dégradent et font que votre sol s’enrichit).
Du coup, pour préserver votre environnement et une population parasitaire « naïve », il est conseillé de retirer ces crottins. Mais alors, qu’en faire ? La réponse n’est pas évidente… ces crottins contiennent une molécule qui se dégrade avec le temps, mais tant que la molécule est active, elle est dangereuse pour l’environnement.
La solution la plus utilisée de nos jours est d’incorporer ces crottins au cœur d’un fumier déjà « lancé » afin que la température en augmentant détruise un maximum les molécules. Mais il ne s’agit pas d’une méthode « validée » à ma connaissance. Dans tous les cas, je vous déconseillerai de mettre ce crottin frais dans votre compost de jardin ou dans une prairie, ce ne serait pas intéressant.
Anne Anta
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