Le vermifuge de fin d'année : automne ou hiver

Publié le par Anne ANTA. Editions Alpha et Omega

Les jours de pluie, les parasites qui grouillent, les symptômes qui se déclarent... nombreux sont les éléments qui poussent les propriétaires à envisager un vermifuge ("chimique" ou "naturel") en automne. Souvent, il est conseillé d'attendre les premiers froids, voire le gel. Mais pourquoi ? Est-ce vraiment un "bon choix" dans votre cas ?

Faire un vermifuge, qu'on le dise "naturel" ou non, c'est répondre à l'éternelle question : quels bienfaits pour quels risques ?

Or cette question n'a pas de saison, ou du moins pas comme on l'entend.

L'automne ou l'hiver pour l'humain c'est souvent une période sur un calendrier.

L'automne pour un parasite, c'est le retour des pluies avec un froid qui n'est pas encore présent. C'est aussi un temps diurne qui se réduit, un pâturage nocturne qui augmente... cette année, on peut rajouter que c'est une herbe jeune qui pousse après la sécheresse de l'été.

C'est donc une période durant laquelle le parasite va préparer l'arrivée de l'hiver avec un but final : se reproduire et mourir ou se cacher.

On va avoir selon les espèces parasitaires dès le retour des pluies, une augmentation de l'infestation et/ou une augmentation de l'émission, accompagnée le plus souvent d'une mortalité des parasites adultes reproducteurs.

Faire un traitement à cette période charnière c'est stopper provisoirement ceux qui ont infestés et ceux qui émettent. Mais selon le moment qu'on choisira, on impactera plus ou moins les différentes espèces car elles ont chacune leur façon de faire.

Si bien que tous les conseils sont bons... mais pas pour tout le monde.

Faire une copro avant de décider

A cette période, on pourra avoir une idée assez précise de l'infestation d'un milieu et de la réceptivité de l'équidé. Autrement dit, on saura comment le cheval gère la pression environnementale parasitaire (et nous aussi par la même occasion). C'est donc effectivement un examen qui a toute sa place à cette période.

Mais quand on vous conseille la copro, on a décidé d'une cible : les reproducteurs. Tous les parasites qui se cachent ou qui sont à une autre phase du cycle ne seront pas visibles puisque seuls les œufs sont recherchés.

Le choix du vermifuge en fonction de ce critère est donc basé sur le principe qu'on va limiter la reproduction parasitaire, préserver le milieu et donc limiter le parasitisme au long terme. Cela implique de faire la copro puis le vermifuge dès les premières pluies ou dans les semaines suivantes mais de ne pas attendre le froid hivernal qui bloquera de toute façon la reproduction.

Ce raisonnement sous entend également une gestion environnementale qui va prendre en compte le résultat de la copro. Cela implique aussi de prendre un risque pour la santé de l'équidé. En effet, vermifuger à un moment de pic d'infestation c'est prendre un risque de colique plus important et cela ne protégera pas l'équidé des futures infestations qui restent encore nombreuses avant l'hiver.

Attendre les premières gelées

Quand on vous indique qu'il faut attendre les premières gelées, la cible c'est les gastérophiles. Ces parasites ont une forme adulte qui vole jusqu'à 10°C et des oeufs qui vont résister jusqu'au gel. Les larves passent l'hiver dans l'équidé et ils participent à la perte d'état de l'équidé.

Si on a une cible, on ignore tous les autres parasites qui ont pu faire leur cycle sans encombre, contaminer les pâtures et qui pourront infester le cheval dès le printemps. On suppose donc une gestion des pâtures qui prennent en compte ce soucis ou un hébergement en box.

C'est une solution qui préserve le cheval puisqu'on vermifuge à une période de moindre infestation, qu'on l'aide à se "purger" avant l'hiver, qu'on lui donne le temps de se reconstruire.

Le vermifuge duo

Faire un vermifuge qui touche "tous" les parasites est souvent une préoccupation des propriétaires. L'intérêt de l'usage d'un duo à cette période reste néanmoins discuté car la présence des parasites touchés par le praziquantel en hiver ne semble pas systématique. Le vermifuge duo ne peut donc être conseillé que si celui-ci est fait suffisamment précocement pour limiter la reproduction parasitaire.

Tous des cas particuliers

Vous l'aurez certainement compris, l'usage du vermifuge, le moment où il est donné, les molécules prisent, ne peut se faire sans une étude approfondie des conditions de vie et en veillant à ce que la prise de risques (toujours présente quand on procède à un traitement) soit connue et acceptée. Votre vétérinaire reste le partenaire indispensable pour la santé de l'équidé.

Anne ANTA

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Chevaux au pré. Tous droits réservés à Techniques d'élevage.

Chevaux au pré. Tous droits réservés à Techniques d'élevage.

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