Utilisation d’un foin luzerné pour des chevaux

On vous propose un foin luzerné, qu’en penser et pouvez-vous l’utiliser pour votre cheval ?

La première question à se poser est de savoir quel est le pourcentage de luzerne pour savoir si votre foin est proche de la graminée pure (peu de luzerne), proche d’une luzerne pure (peu de graminée) ou pile entre les deux. Et évidemment, il faut savoir quelle est la graminée qui a été semée en association avec la luzerne.

Facile me direz-vous, j’ai la composition du mélange.

Et non, cela ne marche pas pour plusieurs raisons :

- Le poids des graines n’est pas le même entre la graminée et la légumineuse. Donc si vous 50 % de l’une et 50 % de l’autre dans le mélange, vous n’aurez pas 50 % de plantules de l’une et 50 % de plantules de l’autre.

- La germination de l’une et de l’autre n’est pas forcément la même en fonction du sol et des conditions météo que la culture a rencontrées.

- La pérennité des deux espèces peut être assez différente. De même leur cycle de pousse est différent. Donc en fonction de la saison, vous pouvez avoir une espèce qui domine l’autre à un moment donné et un renversement de tendance à la fauche suivante.

Si vous êtes patient une façon d’avoir une réponse, est de prélever des échantillons de façon aléatoire, de séparer les deux plantes et de peser le poids de chaque pour avoir un ratio moyen. Possible certes mais pas instantané. Cependant, cela reste à la portée de tout le monde avec un minimum de matériel. À partir de cette donnée, vous pourrez estimer la valeur moyenne de votre fourrage et voir si cela peut vous convenir.

Sinon, la seule solution pour connaître les caractéristiques de votre fourrage est de faire un échantillon représentatif en prenant tout le temps et le soin nécessaires et de l’envoyer au labo.

Et là, pas question de reprendre les chiffres obtenus pour le lot suivant. Pas les mêmes conditions, pas le même stade, pas le même cycle. Il faut refaire l’analyse.

Revenons maintenant à l’utilisation de notre foin.

Deux éléments vont impacter la possibilité ou non de l’utiliser : les protéines et le calcium

Conséquences d’un taux de protéines élevé (Voir Apports nutritionnels des foins de graminée et de luzerne pour les chevaux »)

Si vous avez un cheval adulte de sport, il est vraisemblable que le taux protéique sera trop élevé pour lui si le pourcentage de luzerne est important et si le foin est bien conservé. Le foin luzerné devra donc assez souvent être « coupé » par un autre fourrage moins riche en protéines (autre foin ou paille).

Si vous avez une poulinière, un poulain ou même éventuellement un étalon, il est possible que l’utilisation en fourrage pur soit acceptable (à condition que vous soyez dans une situation qui vous permet, le cas échéant de corriger le calcium). Dans ce cas, il faudra seulement adapter votre ration pour tenir compte d’un apport protéique élevé par le fourrage mais par contre, vous profiterez de protéines de bonne qualité.

Conséquences d’un rapport phosphocalcique élevé (Voir Apports nutritionnels des foins de graminée et de luzerne pour les chevaux »)

Petit rappel : les céréales « nature » ont un rapport phosphocalcique compris entre 0,2 et 0,6. Leur utilisation va donc faire baisser le rapport phosphocalcique de la ration. Par contre, si vous utilisez un aliment industriel contenant des céréales, il a généralement été conçu en rééquilibrant le rapport phosphocalcique et dans ce cas, il tourne souvent entre 1,8 et 2,5.

Si vous avez un cheval qui n’a quasiment que du foin et très peu voire pas d’aliment, c’est le foin seul qui déterminera le rapport phosphocalcique. Dans ce cas, vous pouvez utiliser comme fourrage de base le foin de Normandie, celui de pré, le RGA, le dactyle mais ni le foin de Crau, ni celui de luzerne, ni le trèfle violet. Bon après, le foin de trèfle en seul fourrage, vous ne direz que cela ne vous serait pas venu à l’esprit. Mais pour la luzerne ou le foin de Crau, cela se fait couramment sur ce type de chevaux dans le sud de la France.

Si vous avez un cheval qui reçoit de façon importante des céréales non transformées, le fait d’avoir un apport de foin avec un rapport phosphocalcique élevé devient un avantage. C’est le cas du foin de Crau traditionnellement utilisé avec succès dans le milieu des courses. Par contre, la luzerne, on est tellement haut, que cela n’est pas équilibrable même dans ce cas.

Si vous avez un cheval qui reçoit de façon importante un aliment industriel, sauf si vous avez une des rares spécialités qui ne sont pas rééquilibrées au niveau du rapport phosphocalcique, il faudra utiliser un foin de graminées et non un foin de Crau ou de légumineuse.  

En conclusion de cette série d’articles sur le foin luzerné, je dirais que ce produit est bien adapté aux vaches laitières (haute teneur en protéines et en calcium) et un peu moins à la majorité des chevaux. Ceci étant, dans certaines conditions, comme en élevage, il peut par contre exprimer toutes ses qualités.

Catherine Kaeffer

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