Rumex acetosa et acide oxalique. 1. Formation des calculs rénaux
Parmi les plantes toxiques consommées par le cheval uniquement sous forme de fourrage, il en est une qui est bien connue : le Rumex ou Rumex acetosa. En effet, cette plante qui n’est quasi pas consommée en vert, est consommée sans aucun problème sous forme sèche. Elle conduit à la formation de calculs rénaux. Techniques d’élevage fait un point sur le mécanisme et le pourquoi de cette action.
Le rumex est une plante envahissante dans certaines régions principalement en situation de surpâturage et surtout dans les paddocks sacrifiés l’hiver. Sauf famine, les chevaux ne la consomment pas en vert et elle est donc généralement considérée comme gênante mais sans danger. Ces surfaces sont le plus souvent non utilisées pour la production de foin ce qui limite le risque. Mais lorsqu’on fait une fauche de nettoyage et qu’on laisse les résidus de fauche sécher sur le sol, elle peut alors être consommée en quantité suffisante pour avoir une incidence délétère sur la santé des chevaux.
Sans être un toxique puissant, foudroyant façon toxine du poisson-globe, le rumex n’en est pas moins délicate sur le long terme du fait de la présence d’une molécule : l’acide oxalique ou oxalate. Ces deux termes désignent la même molécule mais l’une est diacide (possédant 2 H+ supplémentaires) et l’autre, la dibase de cette molécule (2 H+ en moins).
Sauf à pH extrêmes, nous retrouvons toujours un mélange d’acide et de base dans une même solution en concentrations différentes en fonction du pH de la solution. D’un point de vue théorique, chaque H+ a sa zone pH d’élimination ou de fixation et elle est délimitée par le pKa qui est le chiffre de pH permettant d’obtenir l’équilibre entre l’acide et la base : au-dessus, c’est la base qui domine et en dessous, c’est l’acide.
Nous avons donc 2 pKa puisque ce sont des diacides et des dibases et nous avons 2 équations :
C2O42– (oxalate)+ H+ ↔ HC2O4- pKa=4,3 (à 25°C)
HC2O4- + H+ ↔ H2C2O4 (acide oxalique) pKa=1,2 (à 25°C)
Un pH inférieur 1,2 est rare dans le corps sauf dans l’estomac du cheval à jeun… Nous aurons donc affaire uniquement à la première équation.
Bon… c’est bien gentil mais quel est l’intérêt ?
Il se trouve que c’est la forme de l’oxalate qui pose problème avec la formation de l’oxalate de calcium. A un pH sanguin de 7,35-7,45, nous avons une majorité d’oxalate qui va complexer le calcium circulant et former dans les reins des cristaux de sel d’oxalate de calcium.
Évidemment, le pH urinaire aura une incidence sur la formation des sels puisque cela limitera l’oxalate disponible pour leur formation. Or ce pH varie de 6 à 8 : à un pH de 6, la formation de sel sera ralentie tandis qu’à 8, elle sera renforcée.
Mais un sel se dissout ? En effet, mais nous verrons que ce ne sera pas aisé de s’en débarrasser... Nous le verrons dans un prochain article.
François Kaeffer
Découvrez La prise de sang, un outil dans l'alimentation de votre cheval réalisé par TE.
Pour commander une de nos publications, utilisez l’onglet "Commander un de nos produits" en haut de cette page ou connectez-vous sur notre boutique en ligne.
La garantie de l'expertise, le choix de l'indépendance
MAJ Novembre 2021