Automutilation chez les chevaux
L'auto-mutilation est un comportement anormal qui peut s'observer chez les chevaux en réponse à un stress lié à une pathologie, à de la douleur, ou à un environnement. Sujet tabou, ce comportement toujours impressionnant ne peut être éradiqué que si l'origine est identifié. Techniques d'élevage fait le point.
Sujet tabou s’il en est, l’automutilation est une auto-agression substitutive à une réponse comportementale normale, et ce sans capacité d’autocontrôle.
Autrement dit, le cheval est dans l’impossibilité d’avoir un comportement normal de son espèce, il est frustré et pour évacuer cette frustration, il devient agressif. Il peut alors s’attaquer à un congénère, à l’homme… ou à son propre corps dans le cas de l’automutilation.
L’animal ne le fait pas " volontairement ", pour vous ennuyer et ne peut pas se contrôler. Donc, les méthodes coercitives ne sont d’aucun intérêt dans ce cas, au contraire.
Le cheval qui s’automutile se mord compulsivement la région génitale, les flancs ou toute autre partie à portée de dents. Cela peut s’accompagner d’un martelage excessif du sol avec les pieds, de ruades dans les murs, de hennissements. Ce comportement peut entraîner des blessures sévères et est clairement un indice de mal-être.
L’automutilation fait partie de ce qu’on appelle les vices d’écurie, comme le tic avec ou sans appui, le tic de l’ours etc. Les étalons semblent plus sensibles que les autres chevaux à l’ensemble des tics d’écurie.
L’expression " vice d’écurie " est d’ailleurs pleine de bon sens car ce comportement apparaît essentiellement sur des animaux au box ou dans un contexte de privation sociale vis-à-vis des congénères… cas de figure extrêmement fréquent pour les étalons.
D’un point de vue neurobiologique, les endomorphines libérées pendant l’action d’automutilation, elle-même engendrée par le stress, permettraient de supporter la douleur induite par les blessures, entretenant ainsi de façon insidieuse le mécanisme.
Il y a trois types d’automutilation :
1. Simple réponse à un inconfort comme calculs, lésions, ulcères, douleurs mais aussi allergies de peau, parasites… C’est la plus courante. En ce cas, l’inconfort peut être exacerbé au travail.
2. Agression inter-mâles redirigée vers son propre corps en l’absence du congénère. C’est le cas d’étalons enfermés dans une enceinte (box ou van) et ne pouvant pas échapper aux odeurs (crottins, sécrétions cutanées) laissées par un étalon précédent ou qui voient ou entendent un autre étalon. Dans ce cas, le comportement est ritualisé.
3. Comportement répété méthodiquement et ressemblant aux autres tics " sans rime ni raison ".
La seule façon de faire cesser ce comportement dangereux pour l’animal comme pour l’homme est de comprendre puis de s’attaquer à la cause.
- Rechercher la pathologie sous-jacente en cas d’automutilation de type 1
- Eviter les situations provocantes en cas d’automutilation de type 2
- Dans tous les cas, éviter au maximum le confinement, rétablir autant que faire ce peut des interactions sociales, proposer un travail sans stress et suffisant, le minimum conseillé étant 30 minutes par jour ou au moins 8 heures de paddock.
Ces informations sont extraites de la très intéressante thèse vétérinaire de ROUSSET Oriane de l’École Nationale Vétérinaire de Lyon.
Catherine Kaeffer
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MAJ Novembre 2021