Bien gérer un pâturage : Qu’est-ce qu’une espèce herbagère ?
Faire pâturer un cheval c’est organiser une rencontre entre une plante fourragère et un animal.
Comme dans toute rencontre, toute négociation, il importe que les deux partenaires y retrouvent leurs billes sans quoi, l’un ou l’autre va vite quitter la table des négociations.
Plantons le décor : nous avons deux protagonistes : le cheval et l’herbe et un arbitre, vous.
Le cheval agit sur l’herbe en effectuant prélèvements et sélection, en piétinant, en produisant des crottins...
L’herbe agit sur le cheval en le nourrissant, en le repoussant, en influant sur sa santé, sa joie de vivre, en constituant son espace de vie.
Vous, vous devez avant tout choisir votre stratégie :
Vous pouvez systématiquement privilégier la bonne santé de l’herbe, sa productivité, la longévité de la parcelle. Dans ce cas, vous vous placez en producteur d’herbe ou de foin quitte à affourrager le cheval pour éviter qu’il n’abîme l’herbe.
Vous pouvez systématiquement privilégier le confort du cheval et sa bonne santé. Vous lui laisserez des surfaces importantes quitte à ce qu’il piétine l’herbe. Vous le laisserez en pâturage d’hiver. Vous accepterez une baisse importante de la production d’herbe pour que son cadre de vie soit plus agréable. A l’extrême, vous arrivez au parcours en terre ou au paddock.
Vous pouvez aussi chercher à ménager la chèvre et le chou et rechercher le meilleur compromis possible entre les deux protagonistes en partant du principe que le cheval doit pouvoir se nourrir et que l’herbe doit pouvoir survivre.
L’idée que c’est simple et naturel est la source de beaucoup de déconvenues et de problèmes nutritionnels. Produire de l’herbe est loin, très loin d’être évident.
Sous le vocable « herbe », se cache un grand nombre d’espèces différentes, avec leurs caractéristiques propres, leurs exigences et leur plus ou moins grand intérêt nutritionnel. On parle donc plus généralement d’espèce herbagère ou de plante de pâturage.
La première caractéristique d’une plante de pâturage est sa capacité à repousser après avoir été broutée ou fauchée. A la réflexion, c’est loin d’être aussi évident que cela. Si vous prenez un maïs, que vous le coupez, il ne repoussera pas. Si vous coupez une tulipe ou une jacinthe, elles ne repousseront pas non plus.
Cette capacité de repousse est donc un point qui différencie une plante de pâturage d’une autre plante.
Pour qu’elle puisse repousser après avoir été mangée, il faut qu’elle dispose de réserves suffisantes. Elle va les utiliser pour repartir. C’est donc la capacité de faire des réserves puis de les mobiliser qui caractérise une plante de pâturage. Il est dès lors tout à fait normal que sa composition chimique évolue de façon importante au cours des cycles successifs.
Mais même pour une plante qui a une capacité de repousse et qui peut donc être utilisée en pâturage, il y a des moments de sa vie où c’est possible et des moments où cela ne l’est pas.
Prenons en exemple une graminée type comme le blé. Vous allez me dire que le blé n’est pas une plante de pâturage. Certes et pourtant à certains stades de son développement, on peut effectivement le pâturer ou le faucher.
Au moment de la germination, lorsque la plantule a quelques cm, si vous consommez cette plantule, elle ne repoussera pas. Et pour cause, le grain est vide puisque toutes ses réserves ont été utilisées. Vous avez détruit les bourgeons. Plus rien n’est donc possible.
Par contre, si vous attendez que le blé soit en herbe, il est possible de le faucher ou de le faire pâturer (pas trop bas) et qu’il reparte ensuite. Il lui reste suffisamment de feuilles pour utiliser le soleil. Ses racines sont suffisamment bien développées. Par contre, l’épi n’est pas encore formé. Le blé s’en remettra plus ou moins bien mais il s’en remettra.
Si vous attendez la formation de l’épi et que vous le coupez, toutes les réserves auront été utilisées pour la formation du grain. En outre, il n’y a plus de feuilles présentes à ce stade. Le redémarrage est impossible.
Le blé ne peut donc pas être considéré comme une espèce herbagère sauf à un moment très court de son développement.
La première question que vous devez vous poser est de savoir si à un moment donné, votre herbe a les réserves pour repartir ou pas, si votre cheval la consomme.
Dans un prochain article, nous verrons quel est le schéma de fonctionnement normal d’un pâturage.
Catherine Kaeffer
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