Les fibres, côté américain

Publié le par Catherine Kaeffer. Alpha & Oméga

L'estimation de la quantité de fibres d'un aliment repose sur des méthodes de mesure qui ne correspondent pas à une réalité chimique précise mais plutôt à un mélange de composés chimiques plus ou moins faciles à détruire. 

La méthode de Wende traditionnellement utilisée en Europe est basée sur une hydrolyse acide suivie d'une hydrolyse basique. Elle est l'objet d'une directive CEE;

La méthode de Wende permet de mesurer la teneur en cellulose brute. C'est la méthode légale en France.

Les limitations de cette méthode sont bien connues. Elle met "dans le même sac" des composés dont la digestion est assez différente. Ceci étant, dans la pratique de l'alimentation, tant que l'on garde à l'esprit ce point, son utilisation est satisfaisante.

Van Soest a essayé plus tard de mettre au point une méthode séquentielle qui permettrait de classer les fibres en facilement digestibles, moyennement digestibles et peu ou pas digestibles. Des pays comme les USA l'ont adoptée bien qu'elle ne soit pas non plus parfaite. On classe les fibres en 3 catégories : 

Celles qui sont insolubles dans un détergent neutre avec l'utilisation éventuelle d'enzymes (amylase et protéase) (NDF = Neutral Detergent Fiber). Cela correspondait aux parois cellulaires.

Celles qui sont insolubles dans un détergent acide (ADF = Acid Detergent Fiber) à savoir et les autres . Il s'agit du cetyletrimethylaminonium (CTAB) en milieu acidifié par de l'acide sulfurique à 70 % à partir du résidu NDF. Cela correspondait à la lignocellulose.

Celles qui résistent à de l'acide sulfurique à 72 % (ADL = Acid Detergent Lignin)sur le résidu ADF. Cette phase permet la destruction de la cellulose vraie. Le résidu est considéré comme de la lignine. 

Evidemment par construction, on a toujours : NDF > ADF > ADL. 

Si vous achetez un aliment à l’étranger, vous pouvez tomber sur cette méthode d’analyse. Le passage de l’une à l’autre est malheureusement extrêmement difficile puisqu’il dépend de la nature des fibres de chaque produit.

Quelques chiffres (g/kg MS pour les fourrages, g/kg de MB pour l'avoine, la luzerne et la pulpe ) : 

 
  Produit CB NDF ADF ADL
  Foin 2e cycle (FF0130) 295 591 321  
   Foin Crau (FF0360) 281 578 310  
   Herbe printemps (FV0020) 244 525 280  
   Paille de blé 420 798 504  
   Avoine 122 328 149 25
   Luzerne déshydratée 18 267 430 306 78
   Pulpe de betterave déshydratée 173 405 206 19

 

Vous noterez que la teneur en cellulose brute ne peut pas être assimilée à la teneur en ADF qui est pourtant souvent la plus proche. 

Il est intéressant de comparer la luzerne et la pulpe de betterage. Au niveau de la cellulose brute, ce sont deux produits qui ont grosso modo 100 points d'écart. Par contre, leurs teneurs en NDF sont assez proches. On retrouve les 100 points d'écarts sur le ADF. Nous avons donc une teneur en "fibres", en parois végétales assez proches mais ces parois sont plus facilement solubles dans un détergent neutre donc relativement doux pour la pulpe que pour la luzerne. 

La pulpe, c'est une racine, donc peut de besoin de résistance mécanique. La luzerne c'est une plante haute. Donc les tiges ont besoin d'une résistance mécanique relativement importante. On retrouve cette différence d'organe d'origine non seulement dans la différence entre les deux teneurs ADF comme cellulose brute mais surtout dans le fait que la lignine est présente en quantité notable dans la luzerne et quasi absente dans la pulpe. 

Catherine Kaeffer

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