La pyrrolurie ou la kryptopyrroluria (KPU) chez le cheval : mais qu’en sait-on ? (Partie 2)
Quelles sont les données actuelles sur la KPU (pyrrolurie ou kryptopyrroluria) chez le cheval ? Que recouvre cette pathologie ? Quelles sont les limites du diagnostic ? Quelles sont les mesures à prendre ? Techniques d'élevage fait le point.
Après avoir vu cette maladie chez l’Homme, nous allons voir le lien avec le trouble du même nom chez le cheval. D’après les informations sommaires, ce serait un trouble de la flore engendrant un défaut de la production bactérienne de vitamine B6 et de zinc.
Plusieurs parties sont gênantes pour appeler cette maladie ainsi :
- D’après ces informations, sans production bactérienne, le cheval devient carencé en cette vitamine B6… sauf que bien d’autres vitamines du groupe B sont dépendantes de la production bactérienne et qu’il est impossible d’arriver à sélectionner un groupe de bactéries qui ne produirait que la vitamine B6… à moins d’être un optimiste forcené.
Nous ne pouvons donc pas uniquement complémenter en vitamine B6 et en zinc mais avec l'ensemble des vitamines du groupe B que produisent les bactéries.
- Le trouble proviendrait d'une carence primaire (un défaut d'apport par la lyse bactérienne) et non secondaire (par une élimination excessive due à une déficience métabolique).
- La kryptopyrroluria se détecte dans les urines comme son nom l'indique mais dans le cas de la carence par destruction de la flore bactérienne du tube digestif, le problème ne vient pas du métabolisme des pyrroles donc pas de présence dans les urines.
Ce nom est donc faux dans ce cas.
- La symptomatologie est essentiellement basée sur le développement de troubles mentaux difficilement diagnosticables chez le cheval.
- De plus, l'absorption du zinc a lieu dans l'intestin grêle et non dans le gros intestin. Le peu de zinc libéré lors du renouvellement bactérien normal n'est pas indispensable au cheval. Il est donc impossible de lier directement une carence en zinc et une kryptopyrroluria alors qu'il existe bien d'autres raisons plus raisonnables.
- Pour le moment, la maladie génétique (et non la défaillance de la flore digestive) n'est pas véritablement prouvée mais dans le cas où vous avez un doute, la recherche du facteur mauve est l'un des deux seuls moyens d'établir un diagnostic avec la recherche génétique (mais comment et surtout où?).
Pour résumer :
- le terme de kryptopyrroluria dans le cadre d'un trouble de la flore digestive est usurpé,
- une flore digestive défaillante produit une carence sur l'ensemble des vitamines du groupe B et pas que sur la B6,
- la carence en zinc ne prouve pas une kryptopyrroluria,
- et sans analyse poussée, il n'est pas possible d'affirmer une kryptopyrroluria.
Maintenant, le fait de supplémenter en zinc et en B6 ainsi que soutenir la flore n'est pas forcément une mauvaise idée mais cela peut cacher un trouble alimentaire plus grave.
François Kaeffer
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MAJ octobre 2022