Faire maigrir en urgence. 2. Application pratique sur un cheval au pré
Nous avons vu ce qui se passe sur le plan métabolique, lors d’un amaigrissement en urgence d’un cheval pour des raisons sanitaires par exemple en cas de fourbure grave. Quelles en sont les conséquences pratiques ? La plupart des auteurs préconisent dans ce cas, la mise en stabulation ou en box avec une alimentation pesée et contrôlée. Techniques d'élevage fait le point.
Si ce n’est pas possible et que le cheval reste au pré, la seule solution consiste à limiter de façon drastique la surface disponible pour le cheval afin qu’il se retrouve rapidement sans rien du tout à manger. Cela pose de nombreux problèmes pratiques. Le premier est que l’on ne peut pas se contenter à terme d’un simple ruban. Au début si le cheval souffre et qu’il n’a pas encore trop faim, cela va pouvoir aller. Mais au fur et à mesure des soins et de la guérison, il souffrira moins et il aura encore plus faim. Le cheval le plus respectueux passera un jour ou l’autre la clôture. Il faudra donc avant mettre en place un système solide, dissuasif et très sûr car il y a fort à parier qu’il essayera et il serait catastrophique qu’il se blesse en le faisant, retardant ainsi le retour à la normale.
D’autre part qui dit petite surface dit sol résistant faute de quoi, en hiver, cela va vite devenir un champ de boue où on s’enfonce. D’où des problèmes de fourchettes pourries ou de gale de boue qui ne vont pas arranger les choses. Si on est en été, le sol va devenir sec, dur et souvent poussiéreux. Dans une région à vent ou avec des chevaux sensibles, il faudra surveiller attentivement le cheval au niveau respiratoire car il peut déclencher des toux voire de l’emphysème.
La surface choisie doit comporter un abri artificiel ou naturel. Cela va vouloir dire que vous interdirez de fait au moins pendant une partie du temps, l’accès à l’abri aux autres chevaux. Si l’abri est grand, la meilleure solution est de le couper en deux. Cet abri doit être propre mais pas paillé. On pourrait avoir tendance à mettre une litière non consommable mais le risque est grand qu’elle soit mangée quand même par le cheval dans ce cas précis et que cela déclenche des coliques.
D’autre part, cela veut dire aussi un isolement plus ou moins important du cheval avec tout ce que cela signifie pour un animal de troupeau comme lui. Si vous avez de la « chance » vous aurez un autre cheval qui sera dans le même cas ou presque et vous pourrez mettre les deux ensemble mais c’est un cas heureusement rare. Sinon, vous pouvez avoir des contacts par-dessus la clôture.
La solution qui consiste à faire sortir les chevaux sains dans le pré le matin et de les remettre dans l’enclos avec le cheval malade pour la nuit est évidemment intéressante sur le plan des contacts sociaux à condition qu’il supporte chaque matin de voir les autres sortir alors que lui n’a pas le droit. Il faut donc un cheval qui soit obéissant, patient et qui comprenne que ce n’est pas une mesure contre lui…. Même si vous prenez le temps de lui expliquer, de lui parler, de lui communiquer vos sentiments, le souci que vous vous faites pour lui et sa santé, il faut une relation particulière pour qu’il accepte la situation qui forcément va durer longtemps.
En fait, ce type de mesure consiste à créer un box dans un pré et à alimenter le cheval de façon artificielle et contrôlée.
On pourrait objecter que ce faisant on limite le mouvement. Certes, c’est le cas. Ceci étant si on laisse une surface importante, on a un peu plus de mouvement (si le cheval est en capacité de bouger) mais l’énergie dépensée est finalement très faible au regard de l’herbe consommée, même sur pâture rase.
On est bien dans l’urgence et on prend des mesures qui peuvent sembler carcérales. Mais à mon sens, il faut les voir comme un malade qui a de multiples fractures aux jambes et que l’on cloue sur un lit d’osto avec la jambe plâtrée en extension et interdiction formelle de bouger pendant de longues semaines. Pas rigolo certes mais la seule solution pour qu’il puisse de nouveau un jour courir comme un lapin et profiter de la vie.
C’est pour cela qu’il faut tout faire pour ne pas en arriver là et soit éviter que le cheval prenne du poids soit une fois qu’il l’a fait, intervenir pour le ramener à un poids correct avant d’être dans l’urgence. C’est plus long mais plus agréable pour lui comme pour vous.
Nous verrons dans un prochain article comment faire maigrir progressivement un cheval dont l’obésité est mauvaise pour sa santé certes mais pour lequel on dispose de quelques mois pour y arriver.
Catherine Kaeffer
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MAJ juillet 2023