Comment bien alimenter un réformé des courses ? 1. Evolution du cheval, amaigrissement, croissance
Vous venez de récupérer un réformé des courses, trotteur ou galopeur et vous souhaitez en faire un parfait cheval de club, de loisir voire de compétition. Il convient de gérer au mieux son alimentation de façon à faciliter son adaptation en évitant les pertes musculaires. Techniques d’élevage fait le point sur cette situation si fréquente.
L’achat d’un cheval réformé des courses peut s’avérer une bonne affaire car elle permet d’acquérir un cheval de qualité à un prix raisonnable à condition de savoir gérer la transition entre le monde des courses et son nouveau milieu qu’il s’agisse de loisir, de compétition ou de club.
De nombreux articles ont été écrits sur la façon de travailler le cheval pour qu’il oublie le principe selon lequel vite = bien et s’il s’agit d’un trotteur qu’il ose de nouveau galoper. Mais peu de personnes se sont penchées sur un point essentiel : comment gérer la transition nutritionnelle ?
Et pourtant de la même façon qu’il y a un monde entre le type d’efforts demandés en course et ceux d’un cheval de loisirs ; de la même façon, il y a un monde entre l’alimentation du cheval de course et celle du cheval de sport.
Comment raisonner le problème ?
1. Quel est son passé ?
Il est différent d’avoir affaire à un jeune cheval qui a très rapidement montré qu’il n’avait pas les qualités pour briller en course et qui donc n’a fait que quelques mois d’entraînement, à celui qui a été jusqu’à courir quelques fois avant d’être réformé ou à celui qui a derrière lui un palmarès en courses déjà bien fourni et qui a dû s’arrêter sur accident ou sur blessure.
Plus on a de renseignements sur les raisons qui ont amené à la décision de réforme, plus on peut savoir de quoi aura besoin le cheval pour réussir sa reconversion professionnelle.
2. Faire le point sur l’état du cheval à l’achat
En dehors de la classique et toujours indispensable visite d’achat par votre vétérinaire, il convient de faire un point plus « élevage » du cheval au moment de l’achat. Souvent les chevaux de course sont en bon état mais « affûtés » avec les côtes visibles voire marquées afin d’être légers. Pour un cheval de sport, on recherche souvent un cheval plus rempli.
Le plus souvent les masses musculaires sont assez importantes. Il conviendra de les préserver au mieux malgré l’arrêt de l’entraînement type course, sachant qu’en général, au début du travail sport ou club, comme le cheval a tout à apprendre de cette façon de travailler nouvelle pour lui, on privilégie le calme, les assouplissements, l’attitude, et donc on demande des efforts contrôlés moins intenses. Une perte de masse musculaire est donc fréquente.
Pour un cheval de moins de 10 ans, la question se pose de savoir s’il a terminé sa croissance. En effet, les efforts intenses sur un organisme jeune ont pour conséquence que celui-ci pour les fournir va mettre la croissance en stand-by. Plus les efforts sont intenses et demandés jeunes, plus le phénomène peut être marqué. Il peut même être définitif dans certains cas. Mais sur un cheval de moins de 10 ans, on peut toujours espérer que tout n’est pas figé et qu’il y a une marge de rattrapage possible. Les phases tardives de croissance sont les plus impactées (sortie du garrot, élargissement du poitrail et des hanches).
Est-ce que le garrot est sorti ? Est-ce qu’il a éclaté devant ? Une radio peut être intéressante pour connaître son état osseux. Mais souvent il suffit de se placer devant le cheval et d’observer son poitrail. Si le poitrail est étroit, cela signifie que la dernière phase de croissance n’est pas faite. De même l’observation du garrot peut permettre de savoir s’il est bien sorti. À un stade plus important, on peut avoir une encolure grêle qui si on la regarde seule, appartiendrait plus à un poulain qu’à un adulte. C’est un signe de croissance non réalisée. La taille est souvent peu impactée.
3. Réaction de l’organisme au changement de conditions de vie
Nous sommes donc en présence d’un cheval qui recevait une alimentation très riche en céréales et en huile, et pauvre en fourrage avec un apport énergétique important et une vie en box. Il va passer parfois de façon très brutale à une alimentation dont la base est le fourrage, parfois à une alimentation au pré. La digestion va être considérablement modifiée. Beaucoup vous rétorqueront que la nouvelle alimentation est meilleure pour sa santé que l’ancienne. Certes. Mais il n’empêche que la transition va l’obliger à des adaptations digestives et métaboliques majeures qui sur le moment peuvent être un peu difficiles à négocier.
Ajoutez à cela la diminution importante des efforts, voire un arrêt total s’il se passe quelques semaines entre sa réforme et son rachat.
Moins d’efforts, moins de muscles, moins de sollicitations = possibilité de reprise de la croissance.
Comme en plus il ne travaille plus, et qu’il a changé de milieu donc de façon de nourrir les chevaux, sa ration alimentaire journalière est beaucoup plus réduite qu’avant et pendant un moment, il la valorise plus mal. Il va donc avoir tendance à maigrir.
Cette tendance va être plus prononcée si en plus il relance sa croissance.
C’est ainsi qu’on voit souvent de jeunes voire très jeunes chevaux qui sont corrects quand ils sortent des courses et qui vont décoller de façon très importante sur les premiers mois.
C’est un phénomène prévisible voire quasi inéluctable lorsque vous récupérez un 3-4 ans.
Dans un prochain article, nous verrons quelles options vous avez pour gérer l’alimentation d’un tel cheval, pour qu’il reste en forme.
Catherine Kaeffer
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MAJ Octobre 2021