Etape 2. Quels sont les besoins nutritionnelsde mon cheval, de mon poney ou de mon âne ?
Ravie de vous retrouver pour cette seconde étape du calcul qui va vous permettre de savoir ce qu’il faut mettre dans la gamelle de votre cheval. Vous vous êtes déjà délecté de l’article d’introduction présentant le raisonnement. Vous avez franchi allègrement l’étape 1 et vous avez fait un bilan complet de votre cheval… évidemment, si vous avez plusieurs chevaux, c’est un bilan par cheval…Techniques d'élevage vous accompagne pour la suite.
Félicitations, vous avez gagné le droit de revenir pour l’étape 2. Youpi !!!
Si vous avez de la chance, vous avez un animal « classique » façon cheval de selle de 500 kg ou cheval lourd de 800 kg. Dans ce cas, il existe des tables qui vous donneront par simple lecture, ses besoins.
Je vous entends déjà : « Et ces tables, je les trouve où ? », c’est là que le bât blesse !
Pour les besoins alimentaires, les explications les plus claires sont celles de Wolter (Alimentation du cheval, Editions France Agricole, 2008).
Malheureusement, un peu plus loin dans le raisonnement, nous aurons besoin des tables de composition chimique des aliments que Wolter ne donne pas. Et là, je pense que la meilleure solution est le livre coordonné par Martin-Rosset (L’alimentation des chevaux, INRA, 1990)… pour les tables parce que pour les explications… disons qu’il y a de quoi dégoûter n’importe qui de la nutrition !
Le nouveau qui vient de paraître du même coordonnateur (Nutrition et alimentation des chevaux, Savoir-faire, éditions Quae) est complet mais les chapitres sont inégaux selon les auteurs et en plus, il est assez indigeste… ce qui est le comble pour un livre sur l’alimentation !
Revenons à notre cheval qui pour l’instant salive toujours en vain…
Prenons le cas d’un cheval à l’entretien c’est-à-dire adulte, hongre ou jument n’effectuant aucun travail particulier, ni en gestation, ni en lactation, ni en période de monte (chiffres INRA). Son poids est le facteur déterminant de ses besoins.
Poids Vif kg |
UFC |
MADC |
P |
Ca |
Cu |
Zn |
450 |
3,8 |
247 |
13 |
18 |
78 |
388 |
500 |
4,1 |
267 |
14 |
20 |
85 |
425 |
550 |
4,5 |
293 |
16 |
22 |
95 |
475 |
600 |
4,8 |
312 |
17 |
24 |
103 |
513 |
700 |
5,1 |
357 |
20 |
28 |
100 |
500 |
800 |
5,6 |
392 |
22 |
32 |
110 |
550 |
Quelques remarques sur ce tableau :
Petit rappel : UFC = Unités Fourragères Cheval… c’est de l’énergie. MADC = Matières Azotées Digestibles Cheval… c’est de l’azote sous forme de protéines ou non. P = phosphore. Ca = calcium. Cu = cuivre. Zn = zinc
Vous constaterez que les besoins augmentent globalement avec le poids.
Le petit fléchissement des besoins en Cu et en Zn entre 600 et 700 kg vient d’une différence de race. A 600 kg vous avez un grand selle puissant. A 700 kg, vous avez un cheval de trait, plus rustique. Attention aux besoins en sélénium et en iode qui selon votre région peuvent être couverts par le foin et l'herbe ou pas du tout.
Certains chevaux, même lorsqu’ils ne travaillent pas, ont des dépenses supérieures. C’est le cas des chevaux à forte musculature. Ainsi on compte 10 % de plus (UFC, MADC) pour un trotteur ou un galopeur de course, même s’ils sont au repos depuis plusieurs semaines. Cela peut être aussi le cas au début si vous récupérez un réformé des courses. Sa masse musculaire souvent assez élevée entraîne un besoin alimentaire plus important.
De la même façon, le simple fait que le cheval soit un entier fait qu’il est plus « remuant ». Il faut donc lui donner un rab de 10 % même s’il ne se reproduit pas.
Pour les poneys, à l’entretien, on obtient :
Poids kg |
UFC |
MADC |
P |
Ca |
Cu |
Zn |
200 |
1,7 |
122 |
6 |
8 |
34 |
170 |
300 |
2,4 |
173 |
8 |
12 |
51 |
255 |
400 |
3,2 |
230 |
11 |
16 |
69 |
345 |
Pour un shetland de 160 kg, une seule solution le génialissime article de Techniques d’élevage ! Nous avons aussi fait les extrapolations pour les traits de 900 et 1000 kg en fonction de leur situation :
Cheval au travail : 900 kg et 1000 kg
Poulinière gestante : 900 kg et 1000 kg
Poulinière Suitée : 900 kg et 1000 kg
Attention, ce ne sont que des extrapolations, alors il faut les prendre avec circonspection.
Pour les ânes, il n’existait pas de table. Les essais d’alimentation sont très parcellaires. Alors à la demande des amis des longues oreilles, j’en ai établi une qui résulte d’une estimation des besoins à partir des données de la biblio. C’est la meilleure que vous pouvez trouver… évidemment, c’est la seule !
Pour résumer la démarche :
1. Vous trouvez la table qui correspond à votre cas : Cheval, poney ou âne de tel poids
2. Vous regardez en fonction de son état physiologique et du travail demandé. Attention, dans certaines tables, il faut ajouter le besoin « travail » ou « gestation » et le besoin « entretien », dans d’autres, c’est déjà fait.
Cela va sans dire, mais si vous avez une jument qui est allaitante et qui travaille, il faut estimer les différents besoins (donc si vous avez une table qui donne les besoins globaux : travail + entretien et entretien + lactation, il faut faire la somme des deux puis retirer une fois le besoin d’entretien).
De même, vous pouvez avoir un jeune en croissance qui travaille, ou une jument saillie à 2 ans et qui n’a pas fini sa croissance.
Et on n’oublie pas les 10 % de plus pour les chevaux de sang et les entiers !
3. Vous obtenez donc les besoins énergétiques (UFC), les besoins protidiques (MADC), assez souvent les besoins en calcium (Ca), Phosphore (P) mais aussi et c'est souvent le plus important, les besoins minéraux et vitaminiques (Cu, Zn, Se, I...). N'oubliez jamais que le diable est dans les détails.
4. Une ration ne nourrira votre animal que s’il l’a mange (bonjour Monsieur de La Palisse). Il faut donc éviter qu’elle ne soit trop volumineuse, sinon il aura « l’estomac plein » alors qu’il n’aura pas mangé assez (c’est le principe de certains produits amaigrissants : du lest, beaucoup de lest !). Ce problème est crucial pour les poulains qui ont une petite capacité d'ingestion.
Pour un cheval, il faut que le volume qu'il doit manger pour avoir 1 unité d’énergie (kg de Matière sèche (MS) / UFC) soit entre 1,5 et 2 pour un cheval à l’entretien mais il peut s’abaisser jusqu’à 1,2 pour un cheval en production intensive. On parle de densité énergétique ou d’encombrement de la ration.
Si vous voulez faire une estimation à la louche de la quantité de matière sèche, au milieu de l’écurie, vous prenez le poids et vous le multipliez par 0,9 pour une paille ou un foin aggloméré ; 0,86 pour une céréale ; 0,85 pour un foin classique ; 0,40 pour un enrubanné et 0,20 pour de l’herbe. Cela vous donnera un ordre de grandeur.
5. Pour que votre cheval soit correctement alimenté, il faut respecter un certain nombre de rapports comme :
Le rapport protidoénergétique (g MADC/UFC) qui doit être au minimum de 70 pour un cheval à l’entretien ou à l’entraînement, de 80 en gestation, 90 en lactation, 120 pour un jeune poulain et 100 pour un yearling.
Le rapport phosphocalcique (Ca/P) qui correspond à votre situation. C’est simple, il est de 1,5 pour l’entretien, la gestation et la lactation et de 1,8 pour la croissance et le travail. Ce n’est pas un chiffre absolu mais il faut se rappeler qu’il doit toujours être inférieur à 3 pour éviter des problèmes osseux. en général, on se cale autour de 1,8 - 2. Comme cela on a une marge de sécurité dans les deux sens.
Bon, si vous êtes arrivés là, vous tenez le bon bout ! Refaites un café…
Alors rendez-vous très bientôt pour la prochaine étape…
Catherine Kaeffer
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MAJ mai 2023