Abcès au sabot et toxines
Des symptômes violents, soudains et une résolution parfois impressionnante caractérisent les abcès au sabot des équidés. Et si on s'intéresse en général davantage aux soins qu'à l'origine, la récidive provoque chez les propriétaires un besoin de réponse en ce qui concerne l'origine des abcès.
L'évacuation des toxines fait partie des explications les plus fréquemment rencontrées. Le cheval se servirait de son sabot pour évacuer des toxines venant de l'ensemble du corps.
Qu'en penser ? Partons à la rencontre de notre abcès et donc, du pied du cheval ou de l'âne.
Pour comprendre comment un abcès peut se former dans le sabot, il est d'abord important de savoir ce qu'est un "abcès" dans le sens commun.
L'abcès constaté par les propriétaires se caractérise le plus souvent par la présence de pus, lequel se forme suite à une nécrose localisée des tissus (plus de détails dans cet article : http://www.techniquesdelevage.fr/2014/06/couleur-du-pus-et-autres-particularites-des-abces.html )
Dans le sabot, le pus ne peut pas s'étendre autant qu'il le faudrait, certaines zones dures (os, paroi...) l'en empêche. En se formant, en se collectant, il remplit l'espace "libre" et comprime les tissus sensibles du sabot, c'est ce qui provoque la douleur. Il n'y a le plus souvent pas de coque fibreuse observée.
L'utilisation du terme "abcès du sabot" est le plus souvent un abus de langage quand le terme de pus serait plus approprié.
Cela signifie également que la sortie du pus ne correspond pas à une maturation de l'abcès, comme il est souvent pensé. En effet, le pus ne sort pas car la cause est enrayée mais tout simplement parce qu'il arrive sous pression dans une zone où il peut s'échapper ou que la pression provoque l'éclatement de la zone dure qui l'empêchait de s'étendre.
La sortie de "l'abcès" du sabot ne signifie pas toujours la fin de l'histoire, ce n'est qu'une péripétie dans la collecte du pus.
La cause du pus peut donc être antérieure ou être encore d'actualité.
Dès lors, on comprend que la récidive n'en est pas forcément une et qu'on peut avoir simplement la suite d'un problème encore en cours.
Cela ne simplifie pas le problème et provoque une avalanche de causes possibles que beaucoup simplifieront par la notion d'organe émonctoire. Le sabot est alors considéré comme un organe qui gère les "déchets de l'organisme" et en assure l'élimination par la formation des abcès.
De cette idée coule la notion de toxines que le sabot tâcherait d'éliminer.
Cette hypothèse pose néanmoins un problème dans le sens où le pus étant à l'origine une nécrose d'une partie des tissus vivants, il faudrait que les toxines provoquent une destruction cellulaire pour que l'organisme gère ainsi le problème.
La seule explication que nous aurions d'un tel phénomène est que les petits capillaires du sabot soient endommagés ou bouchés par les toxines circulantes et que cela provoque l'abcès. Néanmoins, avec cette hypothèse, l'abcès ne soignerait pas la cause et n'éliminerait pas l'ensemble des toxines. De plus, il pourrait y avoir d'autres abcès ailleurs dans le corps du cheval.
Si les abcès par accumulation existent, ce qui reste à démontrer, les toxines ne sont pas la cause la plus probable ni la plus importante des abcès détectés à ce jour chez les chevaux et les ânes. A ce titre, le drainage ne permettra pas de limiter la formation ou le nombre d'abcès aux sabots.
Alors comment expliquer que les abcès cessent en général quand le propriétaire rééquilibre les conditions de vie d'un cheval ou d'un âne ? Nous répondrons à cette question et verrons prochainement les autres causes d'abcès aux sabots.
Anne ANTA
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